Le poète André Doms nous livre, en trois denses volumes – Italiques, Ibériques, Balkaniques -, ses Écrits du voyage. Portés par une invocation vibrante : « en soi et par soi-même, le voyage m’emporte, m’ouvre, et je m’y adonne comme à un alcool de vie ».Attirée par Italiques, je lisais avec plaisir : « l’Italie, première qui me donne à vivre les clartés méditerranéennes, physiques et métaphysiques ».Son rapport majeur à l’Italie fut littéraire. De la rencontre avec l’écrivain et traducteur Franco Prete et quelques amis, initiateurs de la belle aventure d’Origine, pariant sur la reconnaissance mutuelle des poésies italienne et française, incarnée par de nombreuses publications alliant ferveur et rigueur, à la lecture inépuisable de poètes et…
Topiques pour le monde actuel s’ouvre avec un visage dual en très gros plan, inquisiteur, reproduction d’une peinture de Jean Morette. Deux grands yeux ronds fixent et en regard, la première phrase d’André Doms est : Comme la neige, l’Empire est un linceul sur des grouillements qui finiront par avoir raison de lui — raison de vie, qui crève gel et croûtes. Où l’Empire est métonymie de notre société, de toutes les sociétés, dont le brouhaha corrode leurs socles jusqu’à d’inéluctables débâcles.Il s’ensuit un immense combat textuel, par paragraphes clos et entiers, à coups de points finaux : 199 comprimés efficaces contre tout, l’ensemble, Tout. Soit une joute entre l’individu – l’auteur –, et la multitude, son anonymale agitation imposant…
André Doms expose ici, de manière décomplexée, une dimension fondamentale de son parcours de vie en tant que poète, lecteur et traducteur : il invite à une exploration de son monde intérieur, de ses valeurs et de sa conception du poème après avoir livré dans Topiques pour le monde actuel une critique radicale du monde contemporain où, décrivant la régression de notre civilisation d’un point de vue historique et socio-politique, il soulignait l’opposition entre l’univoque et le multiple et prenait position, comme Montaigne, penseur essentiel à ses yeux, pour la diversité et le métissage : « « On dict bien vray qu’un honneste homme, c’est un homme meslé ».L’œil poursuit de façon testamentaire la réflexion d’un poète discret mais exigeant, dont le même…