Les clichés, les lieux communs et les poncifs ont la vie dure et parfois nous polluent. Ils s’imposent à l’esprit, à la bouche et à la plume plus vite que la précision, la complexité et la nuance. Il en est en littérature comme ailleurs. Ainsi Camille Lemonnier ne cesse-t-il pas d’être considéré comme le Zola belge. Comme si, par ces mots, on avait tout dit, de son œuvre. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. Dans Camille Lemonnier, le « Zola belge », déconstruction d’un poncif littéraire, le critique Frédéric Saenen, fidèle collaborateur du Carnet et les Instants, explique la genèse de ce lieu commun, met en évidence les mécanismes de sa viralité afin de mieux le défaire et avancer des propositions nouvelles.Faut-il le rappeler, Camille Lemonnier (1844-1913)…
L’écrivain, critique, collaborateur du Carnet et les Instants, Frédéric Saenen persiste et signe. Il finissait son précédent essai, Camille Lemonnier, le « Zola belge » par ces mots : « Le tour du Maréchal des lettres n’est-il pas venu d’être le prochain Belge à entrer de plein droit dans la collection de la Pléiade, après Simenon, Michaux et Yourcenar ? » Un an plus tard, dans L’article, le mensuel des éditions Lamiroy, il propose Camille Lemonnier, Et s’il entrait dans la Pléiade ? une critique fiction d’anticipation.Nous sommes à l’automne 2029, sur le point de fêter le bicentenaire de la Belgique, la France a ratifié son adhésion à l’extrême-droite, Maurice Barrès a fait son entrée dans la Pléiade et le succès est fulgurant. À Paris, Frédéric…
À se laisser guider par les premiers mots de l’avertissement de l’auteur, la question principale porterait sur la manière « de traiter les mots et expressions en langue wallonne présents dans ce texte ». À se laisser guider par les premiers mots du roman, la question principale, outre « la Langue première » serait « l’enfance ». Les deux vont l’amble, livrant le récit intime d’une enfance baignée dans le wallon de l’Origine, la Langue première pratiquée par Grand-Popa, pourtant un Flamand du Limbourg, et Mamy, même si elle « se plaît à rappeler ses origines françaises ». Le français riche et chatoyant de Frédéric Saenen forme un écrin au wallon :Emballé, le charroi syllabique détruit tout sur son chemin, soc absolu de grossièreté pourtant…