Le corps est au cœur de la poésie d’Elke De Rijcke. En quarantaine[1], lacéré ou jouissant, le corps essuie les coups portés par les échouages successifs. Mais il se relève toujours, réapprend les gestes quotidiens même si la réadaptation peut être lente. Ce dernier recueil sous forme d’édition bibliophilique bilingue est un fragment. Bribes d’un travail en mouvement plus large que l’auteur entreprend comme on prendrait le large, vers des contrées inconnues, insoupçonnées. Les termes médicaux, précis qui jalonnent le texte ajoutent au sentiment d’intimité qui se tisse entre le lecteur et la page, peau que l’on caresse et pénètre parfois. Celle de l’amant vaincu ou fuyant, celle morcelée du malade en sursis :à un niveau profond, c’est la dose intracellulaire…
dans les trous de l’eau, du ciel ou de la terredes éruptions semblablesLa bibliographie poétique d’Elke de Rijcke s’étend, à ce jour, de 2005 à 2021, période jalonnée par la publication de cinq projets à un rythme choisi. Ce corpus fait aujourd’hui l’objet d’une rétrospective sous forme condensée, sous-titrée Selected et parue en un volume de poche aux éditions LansKine.Et puis, soudain, il carillonne fait tenir dans la main les textes de troubles. 120 précisions. expériences. (Tarabuste, 2005), gouttes ! lacets, pieds presque proliférants sous soleil de poche (Le Cormier, 2006), Västerås (Le Cormier, 2012), Quarantaine (Tarabuste, 2014) et Juin sur Avril (LansKine, 2021). Cette offre de transversalité ouvre sur une œuvre polymorphe et fouillée au sein de laquelle…