Poète avant tout, même lorsqu'il écrit en prose, Guy Goffette a été tour à tour enseignant, libraire, éditeur des cahiers de poésie Triangle et de L'Apprentypographe. Il a parcouru nombre de pays d'Europe avant de poser ses valises à Paris.
En 2016, comme il le raconte à Nicolas Crousse (Le Soir, 17 mai 2020), Guy Goffette est victime d’un A.V.C. qui l’empêchera d’écrire trois années durant. Or, Gallimard lui demande instamment quelque manuscrit. L’auteur s’avise alors de fouiller son tiroir de poèmes restés inédits, soit qu’à l’époque ils lui aient paru insatisfaisants, soit qu’ils s’intégraient mal dans un projet de recueil. Il en choisit plusieurs, leur apporte les modifications qu’il juge opportunes, opération facilitée par le recul : certains textes remontent à de longues années, jusqu’à 1964… D’autres, qui avaient paru dans des revues ou des anthologies, font l’objet d’une sélection et d’une révision similaires.…
Comme Guy Goffette l’aime, son cher Verlaine ! Et comme il nous fait partager cet attachement, cette affection, en généreux passeur de textes et de sentiments ! Alors que le coup de foudre n’a eu lieu qu’à la maturité (Verlaine est entré dans ma vie comme la foudre dans une maison fermée), la cinquantaine approchant (sa première idole a été Rimbaud, l’autre du couple glorieux), depuis, il écrit sur lui fidèlement, tendrement, amicalement. De beaux livres, de sa prose la plus poétique, emphatique, celle qu’on aime tant, celle d’Elle, par bonheur et toujours nue. Après Verlaine d’ardoise et de pluie (1996) et les récits de L’autre Verlaine (2008), il publie, dans la collection « Les auteurs de ma vie » aux Éditions Buchet/Chastel, un volume simplement intitulé…
et chacun se tourne comme une fleuravide vers la flache de ciel chusur l’asphalte, ô vieux miroir de benzineGuy Goffette, aujourd’hui et pour toujours, fait son entrée dans la prestigieuse collection Espace Nord. Il se voit offrir l’une des anthologies du catalogue, que l’on serait tenté d’appeler trop rares, car cultivant depuis quelques années la fâcheuse habitude d’être très réussies. De Poésie/Gallimard à Espace Nord, la poésie au format de poche consacre désormais tout à fait, en France et en Belgique, la dualité du Gaumais de Paris et du Parisien de Gaume. Un Guy Goffette que l’on sait attaché à ce petit grand écart ; territorialité du Nord par ailleurs partagée, probablement de bonne grâce, avec les admirés Rimbe et Verlaine.C’est à cet hémisphère…
Qu’importe le temps quand on aimeVoilà pourquoi je me promèneLors de son entrée, en anthologie, dans la belle collection Espace Nord (L’oiseau de craie, février 2023), Guy Goffette donnait, à titre d’inédits, une poignée de poèmes ludiques et urbains sous le nom de Paris à ma porte. De quoi éveiller la curiosité d’une Belgique chez qui s’invitaient pour l’occasion, et en exclusivité, les venelles du Ier arrondissement de Paris. Le privilège de cet échantillon devait être de courte durée, et le client fidèle peut aujourd’hui redécouvrir ces textes prometteurs dans leur milieu naturel, entourés de leurs semblables, sous l’indémodable couverture blanche de Gallimard.Je connais mon quartier comme hier mon villageChacune de ses rues, ses bistrots, ses boutiques,Et…