Artiste plasticienne, Laurence Skivée interroge la vie par le dessin, par la photographie, la sculpture, la vidéo au fil d’une attention à ce qui se dérobe, dans une ouverture aux interstices de l’existence. Nul étonnement à voir sa poétique des instants dérobés, sa descente plastique dans les mondes de l’enfance en venir à la forme poétique, gagner le territoire mouvant du verbe. Après le livre d’artiste Je m’emballe (La Lettre volée, 2013), L’air est différent sécrète une écriture-regard acquise au recueillement d’instantanés de l’existence. C’est la mort de proches qui l’a poussée à s’emparer de ce nouveau médium. D’emblée, le texte tisse un lien en intériorité entre expérience de la perte et éclosion du verbe. Comme la photographie, le mot…
Dans Le laveur de vitres, bref récit publié aux éditions de La lettre volée, Laurence Skivée décrit à grand renfort de silences et de blancs sur la page une expérience du deuil et du dire, le texte ne dévoilant ses vérités qu’au travers de l’idylle muette et platonique entre la narratrice et un jeune laveur de vitres.À l’âge de quarante ans, la narratrice, artiste confidentielle et maniaque par éducation, se livre à la lenteur et à la paresse. Pour l’y aider, elle choisit de recourir aux services d’un jeune laveur de vitres. Quoiqu’ignorant tout de lui, jusqu’à son prénom, elle s’en éprend sagement, prudemment, à distance :Sa présence m’éclaire. Comme si je savais, par expérience peut-être, que ce qui est en train de se former est le commencement de…
Incarner le désincarné, laisser la présence en pointillé, sur la pointe de la venue et de la partance, tracer des mots qui interrogent le lien entre un « je » et un « tu » abandonnés à leur indéfinition… dans os cuillère, son dernier recueil poétique préfacé par Tristan Sautier, la poétesse et plasticienne Laurence Skivée s’aventure sous la ligne des vocables, là où le plein de l’os et le creux de la cuillère offrent l’image d’une rencontre possible entre soi et l’autre, soi et soi. La disposition graphique des vers matérialise l’impossible rêve de toucher l’autre et l’amorce d’un dialogue par-delà les solitudes.Tuyau de solitudecomme si nous n’avionspas besoinde parler La poésie de Laurence Skivée creuse un espace frangé de blanc, de silence,…