Saumon noir, récit très intime et impressionniste, en mots et en images, s’inscrit dans une démarche plus large qu’une publication : il fut présenté dans le cadre de l’édition 2016 de la Trilogie contemporaine, Arts et Métaux. Sur le thème Nous ne sommes rien, soyons tout : récits de mémoire ouvrière[1], elle proposait notamment une exposition consacrée à la mémoire industrielle dans les bassins sidérurgiques de la région liégeoise, à savoir Hoyoux, Seraing, Sclessin, Saint-Nicolas et enfin Herstal, cœur encre et charbon du présent texte.Nous y suivons Serge Delaive, gamin du cru, décidé à frayer poétiquement mais sans fard inutile avec un passé dans une bourgade aux ciels lourds, à retourner aux origines noiraudes, dans cette ville d’acier aux cheminées…
Généralement, c’est austère un recueil de poèmes. Du moins, est-ce ce que beaucoup de lecteurs et lectrices, beaucoup de « dévoreurs de livres » pensent. À tort ou à raison ? On ne tranchera pas ici. Mais il arrive que des recueils proposent, par la bande, tout discrètement, un petit jeu à leurs lecteurs. Ainsi en va-t-il de Latitudes de la dérive. A priori, rien de « jouette » dans ces poèmes répartis en quatre saisons, couvrant, à la manière d’un journal intimiste, une année de la vie de Serge Delaive. On y suit, de poème en poème, les dérives mentales de Serge Delaive aux quatre coins de la planète, du village d’enfance à Tallin en passant par la Grèce, Rotterdam, l’autre côté de l’océan, la Suède, etc. Serge Delaive y croque, comme il sait si…
Le livre est si léger ! Six pages agrafées de cuivre. La couverture bleu nuit est si sobre ! Serge Delaive, Suite irlandaise en quatorze stations, gravés à la rouille en creux, mis en page comme une croix celtique tête en bas. Le coin supérieur droit des pages est coupé rond et pas celui inférieur. En quatrième de couverture, seul le nom de la maison d’édition, Angle mort, c’est tout. Je n’ai pas encore ouvert et je suis déjà ému. C’est tellement épuré que cela atteint son but.Station I : fin septembre Irlande. Station II : À Lisdoonvarna comté de Clare où la pluie bat les vitres / en géographies mobiles, et où j’apprends un mot dans ton regard coalescent. Station III : Le soleil ne jouira pas aujourd’hui / aucune importance pour moi. L’usure lente…