Au tour de l’amour

À PROPOS DES AUTEURS
Francis Dannemark

Auteur de Au tour de l’amour

Francis Dannemark est né le 13 avril 1955 à Macquenoise, sur la frontière franco-belge.Pour Francis Dannemark, 1977 est une année importante. D'abord parce qu'il termine brillamment ses études universitaires, après avoir consacré son travail de fin d'études au poète Daniel Boulanger (peut-être mieux connu comme scénariste), et plus particulièrement à son recueil Tchadiennes. Il devient alors professeur dans l'enseignement secondaire. Simultanément, il publie chez Seghers son premier recueil, Heures locales, qui connaît bientôt un vif succès d'estime. Enfin, début décembre, il se marie. A l'été 1978, il lance avec sa femme La Vigie des Minuits polaires, 2ème série, qui comptera 8 numéros, jusqu'en 1980. La poésie et la prose se mêlent ici aux illustrations (dessins, photos...), le tout agencé avec un soin et un sens du détail hors du commun.Dans sa revue et ses recueils, Dannemark témoigne d'un intérêt particulier pour le cinéma, le jazz, les poètes et les chanteurs de la beat-generation, pour la littérature anglo-saxonne en général, sans oublier la photographie, qui accompagne plusieurs de ses textes. Il aime aussi composer de minuscules plaquettes, qu'il édite lui-même à tirage réduit, et envoie à ses amis au nouvel an : Clous de girafe, Lolita Express, Garden-party, et d'autres encore. A part la musique, qui est pour lui une passion quotidiennement renouvelée, il affectionne les ballades en voiture (avec une provision de cassettes sonores), les films de Woody Allen, les livres de Virginia Woolf ou de Richard Brautigan. L'enseignement, par contre, ne lui plaît pas, et il se décide à l'abandonner sans espoir de retour.Nouvelle année-charnière, 1981. Chez Laffont paraît son premier roman, Le voyage à plus d'un titre : histoire déconcertante d'un homme qui mène une randonnée de plusieurs semaines en voiture, sans jamais quitter le domaine à la fois étroit et illimité des autoroutes, et surtout sans motif rationnel précis... De nombreux lecteurs et journalistes apprécient dans ce récit son côté légèrement irréel, nostalgique, son écriture fine et musicale. Mais Dannemark n'abandonne pas la poésie, ou plutôt les «textes courts» (qui rappellent un peu les «petits poèmes en prose» de Baudelaire) : vers la même époque, il publie Périmètres dans le sud de la France. Et surtout, à la fin de l'année, lui arrive un fils, Thomas.Les années 80 sont pour Francis Dannemark à la fois productives et un peu chaotiques. Il y a d'une part les livres qui se succèdent, dont Les eaux territoriales - à coup sûr l'un de ses meilleurs recueils poétiques - et Mémoires d'un ange maladroit, un roman dont l'atmosphère typiquement dannemarkienne est toute d'incertitude. Il y a d'autre part un parcours professionnel un peu hésitant, comme si ses personnages avaient déteint sur l'auteur lui même : édition de bande dessinée, correction d'épreuves, garde de nuit, et même cabinet d'un ministre... Sa femme et lui décident de se séparer, les changements d'adresses se multiplient (sans quitter la commune d'Anderlecht), mais il reste obstinément fidèle à ses amis, à ses passions, à sa peu conformiste conception de l'existence, à son goût pour la vie «immédiate».Aujourd'hui, cinq romans et une vingtaine de recueils ont paru sous la signature de Francis Dannemark. Choses qu'on dit la nuit entre deux villes a touché un public plus large encore que précédemment, les rencontres et les échos médiatiques se sont additionnés, traducteurs et metteurs en scène s'intéressent à cette oeuvre qui traduit avec une telle justesse la sensibilité d'une génération peu attirée par les grandes idées ou les engagements irréversibles. L'oeuvre de Dannemark apparaît de plus en plus comme symptomatique d'une attitude de vie qui, sans nier la gravité des choses, refuse de se laisser emprisonner par elle.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

fusionnelle entre Véronique Biefnot et Francis Dannemark. Et c’est ensemble qu’ils publient deux livres que chacun d’eux a marqués de son empreinte, à l’enseigne de l’auteur bicéphale Biefnot-Dannemark. La route des coquelicots est un roman où l’on reconnaît bien la patte de velours du nouveau Francis Dannemark, plus proche aujourd’hui des beaux et bons sentiments que des errances poétiques du cheval ombrageux de naguère. Véronique Biefnot partage ce pas de deux qui engage ensuite le couple dans la chorégraphie d’un échange passionné avec Au tour de l’amour, long poème lyrique et sensuel, illustré, lui aussi, d’encres et lavis de la romancière, comédienne et   artiste.

La poésie ne fait pas pour…


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Depuis longtemps je prévoyais un voyage vers la Scandinavie. L’heure n’étant pas aux déplacements, j’ai dû réfréner mon élan vers le Nord, mettre cette destination au frais dans l’attente de jours meilleurs. Mais c’était sans compter le dernier livre de Piet Lincken ravivant le désir, Å itinéraire suédois édité dans la collection bilingue de l’Atelier de l’agneau. Artiste polymorphe (musicien, photographe, poète, compositeur) et traducteur du suédois, l’auteur nous embarque vers les confins de la Suède et de la Finlande où il vit régulièrement. Version augmentée d’un texte paru précédemment, le livre procède par à-coups, tels les soubresauts du moteur de la voiture qui pousse Lincken sur l’autoroute E6 vers Göteborg et plus loin encore vers le Nord. / Autoroute E6 tu serres la bouteille de rouge contre toi ton ventre tu regardes dans le vide ta bouteille de rouge sur les genoux tu me regardes tu me dis ‘lite mera vin ?’ je dis oui la bouteille passe de ta bouche à ma bouche je bois l’eau rouge qui descend en moi l’eau rouge avec ta douce salive je bois…  D’emblée la rage de cette couleur pourpre qui rythmera le voyage de Piet, petit poucet semant dans son sillage des copeaux d’arbustes, des taches rouge-sang sur le blanc de la neige. Le rouge de la flamme, l’incarnat des lèvres de la femme qui accompagne le voyageur. Ici, Edith Södergran, poétesse finlandaise de langue suédoise née à Saint-Pétersbourg en 1892 et dont les poèmes nouvellement traduits par l’auteur sont autant d’étapes de l’itinéraire. Un itinéraire spatial et intérieur puisqu’il s’aventure sur les traces de cette femme au destin tragique, morte de tuberculose à 31 ans et dont l’œuvre-météore, mal connue chez nous, frémit d’une « brûlante illusion ». J’existe rouge. Je suis mon sang. Je n’ai pas renié Eros. Mes lèvres rouges brûlent sur tes froides dalles sacrificielles. Je te connais, Eros – tu n’es ni homme ni femme, tu es la force,…  Conçu comme un carnet de route, un scrapbook scandé par les poèmes de Södergran, le recueil multiplie les entrées. Aux notations géographiques précises (les mentions de latitude et de longitude formant à elles seules un poème dans le poème) se greffent des fragments de poèmes en prose, les éclats de stations relais, des bribes de prose, des notes historiques qui bruissent de la sonorité de la langue suédoise ou finlandaise. Ce qui relie le tout ? Le dialogue in absentia complice, presque sensuel avec Edith comme ici quand l’auteur interagit avec un  poème de 1916,   Le jour se refroidit . Pourquoi ne désespères-tu pas ? Ton ventre sourd la terrible subsistance, ton mugissement d’animal, te tire vers la faim, vaste ennui des rues rieuses […] Visage muet je me laisse enivrer, muscat pour eux certainement la salive, sois l’ombre de ma bouche sous leur langue […] Le jour se refroidit… (Dagen svalnar…)IITu jetas ta rose rouge de l’amourdans mon sein blanc –je retiens dans mes mains brûlantesta rose rouge de l’amour qui fane si vite… L’aspect volontairement fragmenté du récit est encore accentué par l’organisation spatiale du recueil, par l’usage subtil de la page. Outre les photos-témoins prises par l’auteur, les cartes topographiques, il y a cette recherche graphique, partition sérielle, dont rendent compte la ponctuation singulière, les jeux typographiques, l’alternance dosée entre l’italique et les soulignés, les alinéas, des décalages ou encore les notes de bas de page. Enfin, une pérégrination aussi sinueuse que l’élément liquide qui irrigue l’ensemble du texte. Le corps du texte se faisant dès lors lui-même l’écho de l’enveloppe corporelle plongée dans l’immensité de ce périple. Ventre palpitant au son du sang pulsant, tapant dans les veines. Paysage intérieur répondant à ceux quasi immaculés se fondant dans l’amniote d’une fontaine entrevue dans une ville traversée en coup de vent, d’un ru sondable à gué, d’une mer glacée qui mord les doigts, de salives échangées ou tout simplement d’une rivière, d’un fleuve comme les désigne en suédois la lettre Å . La musique d’une lettre qui suffit à donner l’impulsion au corps ! Rien ne me plaît plus que d’aller courir le long du fleuve, ou encore de me sentir transfiguré par une musique qui viendrait de la profondeur du ventre, ces musiques de gargouillement et de gémissement qu’on entend parfois le long des routes désertes. Oui, cette musique, comme un va-et-vient de corps, ces seins gonflés, cette sensualité d’un autre âge, et ce noir-regard, ce vert-regard (qui s’entrouvre sur une mer complètement indifférente), et l’impossibilité là-dessus de concevoir ma mort. Si d’aventure pour moi se concrétise le voyage vers le Nord ; si, un jour, il m’est donné de longer la rivière Torne, alors, sur le vapeur qui m’emmènera, je n’emporterai qu’un seul livre et ce sera celui-ci ! Tack Monsieur…

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