Le vendredi est – pour un grand nombre d’entre nous – le dernier jour de travail de la semaine. C’est aussi vrai pour les enfants. Le week-end est là qui les attend. Mais avant de l’atteindre, il leur faut traverser plein d’épreuves : morceaux de matière à ingurgiter à toute vitesse, cohue de fin des cours, adultes fatigués, rues et routes encombrées…
Une petite fille dont le papa a choisi la France comme terre d’asile nous raconte son arrachement à son pays d’origine, sa joie d’être une enfant presque comme les autres petits français jusqu’au jour où des policiers en civils l’attendaient devant les grilles de l’école pour la reconduire avec son père hors de nos frontières. La beauté du texte de Rascal, alliée à l'audace des photographies de C.Genin et des illustrations de JF Martin évoque en vérité la douleur, l'injustice et l'espoir. Deux silhouettes noires se découpent sur une couverture grise cartonnée. Notre société les appelle les sans-papiers. Fuyant leur pays ravagé par la guerre, un homme et sa fille se retrouvent clandestins à Paris. Quatre ans ont passé depuis leur arrivée, et leur statut reste inchangé. Au fil des pages, cette écolière nous raconte son quotidien un peu particulier: apprendre à reconnaître les dangers, se rendre invisible... Elle parle français, chante la Marseillaise et récite Prévert. On apprend aussi la mort de sa mère, tuée le premier jour de la guerre. L'atmosphère, qui régnait alors était morbide et oppressante. Un beau matin, la police arrête ce père et son enfant. La France, pays des droits de l'Homme, pays de la liberté, de l'égalité et de la fraternité?... Très bel hommage rendu à tous ces êtres humains, à tous ces survivants qui vivent clandestinement en « terre d'accueil ». Avec un texte qui va à l'essentiel et des mots soigneusement choisis, les auteurs permettent aux enfants, accompagnés d'un adulte, de découvrir une autre réalité de vie. Les illustrations surprennent par leurs diversités, sorte de mélange de photo et de sérigraphie, et accompagnent avec délicatesse ce texte essentiel et malheureusement toujours…