Jijé, l’autre père de la BD franco-belge

NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Deux chercheurs, l’un, Philippe Delisle, français, qui enseigne l’histoire contemporaine à l’Université de Lyon III, en s’intéressant à l’idéologie portée par la « littérature dessinée », et l’autre, Benoit Glaude, belge, docteur en langues et lettres, chercheur au FNRS et chargé de cours à l’UCL, nous livrent ici un passionnant essai, très structuré, bien documenté, richement illustré par des documents inédits ou précieux, avec un appareil critique sérieux : catalogue des œuvres littéraires illustrées par Joseph Gillain, bibliographie comportant : catalogues de l’œuvre de Jijé, études centrées sur l’œuvre de Jijé, études générales abordant l’œuvre de Jijé ; index des noms de titres et de personnages. La structure de l’ouvrage, écrit…


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Éric Lambé et l’ère de la moule

Éric LAMBÉ , Carl ROOSENS , Botanike Komiks. Un regard sur le monde , FRMK, 2020, 48 p., 14 €Chaque album des éditions FRMK promet une bouffée d’air libre à l’écart…

La franc-maçonnerie dévoilée

Historien, essayiste, scénariste de bande dessinée, auteur d’ouvrages marquants (entre autres Les templiers, chevaliers du Christ ou hérétiques ?, Ed. Tallandier, Hitler et la franc-maçonnerie, Les Illuminati, 13 complots qui ont fait l’histoire , Nouvelle histoire de Bruxelles , tous publiés aux Ed. Racine), Arnaud de la Croix se plonge, avec le dessinateur Philippe Bercovici , dans l’histoire complexe, fibrée de la franc-maçonnerie des origines à nos jours. Les controverses autour de sa création, les diverses tendances spéculatives qui la composent, les idéaux qui la portent, le fonctionnement secret d’une société sur laquelle se greffent rumeurs et légendes sont abordés au travers de dix-huit voix, généralement de francs-maçons (Benjamin Franklin, Mozart, Mirabeau, Rudyard Kipling, Hugo Pratt…) mais aussi de persécuteurs (Himmler…) ou de complotistes (l’abbé Barruel…). Inépuisable, la question «  où, quand et comment naquit la franc-maçonnerie spéculative ?  » a donné lieu à des récits concurrents (Egypte ancienne, construction des cathédrales, Templiers, l’Écosse durant les guerres de religion…). Analysant les premières loges du Moyen Âge, reconstituant leur symbolique, leurs rites et recherches ésotériques, campant les personnages fondateurs de William Shaw et Robert Moray, suivi d’un glossaire, La franc-maçonnerie dévoilée déploie le rhizome de la maçonnerie au fil du temps, ressuscitant des théoriciens ou des acteurs oubliés.Nourrie par un solide travail d’archives, d’arpentages des textes, la méthodologie historienne qu’Arnaud de la Croix met en œuvre depuis ses premiers travaux sur le Moyen Âge se singularise par une attention aux failles, aux blancs, aux coulisses de l’Histoire, par une écoute de ce qui a été tu, passé sous silence. Comment s’est construit un corpus de pensées, d’outils donnant lieu à diverses obédiences ? Quels courants de pensée ont alimenté la maçonnerie ? Déconstruisant les mythes et les légendes tenaces qui l’entourent et qu’elle a elle-même générés afin de se doter de fondations symboliques (telle l’origine templière de la franc-maçonnerie), interrogeant les différences entre maçons chrétiens et maçons laïques, l’ouvrage décortique la signification des grades, l’essor du mouvement lors des Lumières, sa condamnation pour hérésie par la papauté, les persécutions dont elle fit l’objet, les alliances parfois improbables qu’elle noua avec des courants ésotériques.Foisonnant de pistes, de strates socio-philosophico-historiques, porté par les belles compositions graphiques et les touches d’humour du dessinateur Philippe Bercovici, l’ouvrage ouvre les portes d’une aventure de pensée et d’action à but philanthropique, progressiste et humaniste. Qu’il décrypte les secrets des initiés, les connexions réelles ou fantasmées entre la maçonnerie au 18e siècle et l’Ordre des Templiers, qu’il fasse le point sur les allusions maçonniques dans La flûte enchantée de Mozart, dans l’album Fable de Venise d’Hugo Pratt ou qu’il convoque l’infiltration du courant maçonnique par les Illuminati (les Illuminés de Bavière combattaient l’obscurantisme religieux, le despotisme politique et furent actifs durant la Révolution française), La franc-maçonnerie dévoilée met en perspective les acquis de l’historiographie maçonnique et les diagonalise par une approche gnoséologique privilégiant l’histoire des mentalités et l’appel aux autres disciplines. Affranchi de toute vision linéaire ou téléologique des faits historiques, le renouvellement du regard s’allie à une innovation dans le choix des objets d’étude, Arnaud de la Croix se penchant sur des événements, des objets historiques minorés, voire exclus de la discipline. Le tout se loge dans les parties : c’est, par exemple, à partir de l’œuvre…

Homo sapiens

Signé par le paléoanthropologue et chercheur au CNRS Antoine Balzeau et le dessinateur Pierre Bailly (créateur notamment de Petit Poilu ), le nouvel opus de la petite bédéthèque des savoirs, intitulé Homo sapiens, retrace l’évolution de la paléontologie et condense les questionnements actuels sur les origines de l’espèce humaine. L’histoire de l’humanité fait l’objet de trois chapitres — les théories, les temps préhistoriques et l’articulation de notre présent et de notre futur — et procède par problématisations qui mettent au jour les a priori, les idées préconçues relatifs à l’évolution. Dans sa préface, David Vandermeulen revient sur l’incompatibilité entre la Bible et les découvertes de Buffon, de Cuvier. Les secondes font état d’une apparition de l’homme avant le déluge, ce qui contredit l’enseignement de l’Église. Afin de ne remettre en cause la théologie, des scientifiques tels que Cuvier ou Buckland concilieront preuves géologiques et récit biblique. Lire aussi : La petite bédéthèque des savoirs, un travail d’experts ( C.I. 198) Sous une forme narrative que dynamise le dessin, l’ouvrage évoque les nouvelles connaissances sur l’évolution élaborées depuis le coup de tonnerre darwinien ( De l’origine des espèces , 1852). Antoine Balzeau fait un sort à deux idées hégémoniques passées dans la doxa  : 1° l’homme actuel est le fruit d’une adaptation à l’environnement, 2° seuls survivent les plus forts. Les acquis scientifiques montrent combien ces deux crédos sont caricaturaux. L’apparition de l’homme est l’effet du hasard, non d’une finalité. Dans la diversité de la vie, aucune forme de vie, aucune espèce ne peut être dite plus évoluée que les autres. Analyse des mécanismes de spéciation, conflits, controverses entre paléoanthropologues autour de l’ancêtre de l’ homo sapiens (pour certains, il s’agit de l’ homo erectus , pour d’autres de l’ homo heidelbergensis ou de l’ homo rhodensiensis ), existence du menton chez l’espèce humaine seule (et chez l’éléphant)… Homo sapiens détruit des clichés relatifs aux déductions des modes de structuration sociale en vigueur dans la préhistoire. Rien ne peut étayer l’idée reçue selon laquelle existait chez nos ancêtres une répartition sexuée des tâches (l’homme chasseur, la femme se vouant à la cueillette et au foyer).En paléoanthropologie, nombre de questions restent en suspens. Si l’on sait, grâce aux fossiles et à la paléogénétique, que l’ homo sapiens est certainement apparu en Afrique il y a trois cent, deux cent mille ans avant de migrer sur toute la planète, l’on ne peut dire où avec exactitude ni déterminer comment il a étendu ses zones de vie. Déclinant les croisements entre l’homme de Néandertal (qui disparaît en Europe quand l’ homo sapiens apparaît) et l’ homo sapiens , montrant la communauté de leur patrimoine génétique (99% de gènes communs), l’essai graphique arpente autant les aspects biologiques, anatomiques que l’évolution des comportements au fil du temps. Des découvertes des premiers outils fabriqués par les Australopithèques il y a trois millions d’années à l’invention du feu (il y a cinq cent mille ans), de l’élevage, de l’agriculture, de la roue, de l’écriture, on assiste à une «  complexification des actions humaines  ».Une complexification qu’il faut reconnaître tout en faisant tomber l’homme de son piédestal : d’un point de vue biologique, nous dit Antoine Balzeau, l’ homo sapiens est une espèce comme les autres, à ceci près que, par sa présence, ses choix de vie, il a bouleversé, puis peu à peu saccagé son environnement.La troisième partie de l’ouvrage dresse un bilan de notre responsabilité face au désastre écologique actuel, de notre devoir de changer radicalement de modes de vivre, de penser, de produire et de consommer si nous voulons préserver ce qui peut encore l’être au niveau de la biodiversité, des populations animales, végétales. «  Nos actions bouleversent biodiversité et environnement. Le risque est de rendre les conditions difficilement vivables. Même pour nous  ». À l’heure où les scientifiques ne cessent de tirer la sonnette d’alarme, à l’heure où ils somment les politiques, les gouvernants et la société civile de modifier les manières d’habiter la Terre afin de freiner la sixième extinction massive des espèces animales (un million d’espèces est menacé d’extinction) et végétales, rien de plus salutaire que cet essai. Puisse-t-il, relayé par les lanceurs d’alerte scientifiques, par les mobilisations citoyennes, faire bouger la ligne d’inertie assassine des climato-négationnistes.…