« Toutes nos histoires se valent, parce qu’il n’y en a jamais qu’une seule. Celle du temps qui fiche le camp », peut-on lire en dernière page de Joie, le premier roman de Clara Magnani. Et si l’écriture n’était pas autre chose qu’un moyen de fixer ce temps, en particulier quand il s’agit de se souvenir d’une passion, d’une belle et grande histoire d’amour, comme celle décrite ici.Le roman tient en trois volets. Celui d’Elvira qui, à la mort brutale et inattendue de son père de 70 ans, découvre dans ses affaires un manuscrit où il évoque l’amour intense qu’il éprouve pour une Belge : Clara… Magnani, grande critique belge de cinéma (excusez du peu !) qu’il a rencontrée à l’occasion d’une interview. Elvira décide de prendre…
Mélanie a quinze ans, et déjà une carapace contre la vie bien solide. Elle vit avec un père chômeur tyrannique, une mère effrayée, effacée. Ils la considèrent avec tellement d’indifférence qu’ils ne lui disent même jamais bonjour ! Une conférence à l’école avec un psychologue va bouleverser la jeune fille. Dans le même temps, elle rencontre Xavier dans le bus… Spécialiste des mœurs adolescentes, Franck Andriat aurait tort de ne pas poursuivre ce en quoi il excelle. Dans ce qui s’apparente à un immense monologue intérieur, la narratrice Mélanie nous raconte ainsi avec justesse et une remarquable lucidité ses sentiments contradictoires, ses frustrations, ses désirs : « J’avais tenté pendant de si longues années de nier mes besoins affectifs. » (p. 34), « Je crois qu’en m’entichant d’un gars, je perdrais ma liberté. » (p. 48), « Ceci dit, à de nombreuses reprises, j’avais du admettre que j’étais plus fragile que je ne le désirais. » (p. 59). L’écriture est vive, en phrases courtes au présent, et le vocabulaire riche, évitant ainsi heureusement le pathos. Après, on pourra toujours estimer que les capacités d’introspection de Mélanie sont supérieures à son âge supposé, qu’elle utilise parfois de jolies formules (« L’amour, c’est un coup de chaleur qui annonce l’orage », p. 49) et surtout que l’introduction en deuxième partie d’un secret familial dramatique est un peu exagérée. Il n’empêche qu’une grande sincérité, un amour pour ses personnages transperce du roman de Franck Andriat, un phénomène tout de sensibilité, insensible, qui explique certainement le succès de ses livres pourtant fort sages au regard de la production actuelle.…