Le chemin continue. Biographie de Georges Lambrichs

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Dans sa biographie du Belge Georges Lambrichs, Arnaud Villanova remet à l’honneur un éditeur singulier de la vie littéraire parisienne d’après-guerre, plonge dans les arcanes de plusieurs grandes maisons, révèle un métier sur lequel circulent pas mal de légendes et nous fait revivre une époque intellectuellement dense.Si on vous demande ce qui relie les noms de Samuel Beckett et J.M.G. Le Clézio, deux Nobel de littérature, Alain Robbe-Grillet, Georges Bataille, Maurice Blanchot, Michel Butor, Michel Foucault, Georges Perros, Michel Chaillou, Jacques Réda, Gérard Macé, Jean-Marie Laclavetine, Jean-Loup Trassard, Christiane Rochefort et bien d’autres, penseriez-vous à Georges Lambrichs, Belge exilé à Paris ? Pourtant, cet homme a été le lecteur et l’éditeur…


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Maurice Maeterlinck, un auteur dans le cinéma des années dix et vingt

Christian Janssens étudie de manière fouillée l’adaptation filmique des œuvres de Maeterlinck entre 1910 et 1929. Fortement arc-bouté sur le système conceptuel de Pierre Bourdieu, cet ouvrage savant envisage l’écrivain non comme un « créateur » plus ou moins doué, mais comme un agent de production en relation avec d’autres agents : critiques littéraires, directeurs de théâtre, cinéastes, musiciens, etc. Chacune de ses œuvres, à son tour, entre en relation avec d’autres œuvres, tant de lui-même que d’adaptateurs ou d’écrivains tiers. « Ces rapports sont des rapports de concurrence, de compétition » affirme clairement C. Janssens, pour qui la position objective de l’écrivain dans le champ culturel s’explique non par l’influence du milieu ou le génie créateur, mais par les rapports de force entre les différents agents concernés. Ainsi conçue, l’approche sociologique ne pouvait que comporter une dimension historienne, car les rapports de force précités évoluent constamment, mais aussi une forte composante économique : diffusion primaire des textes, rôle de la presse et de la notoriété, apparition de produits dérivés (mises en scène, traductions, partitions musicales, adaptations filmiques), puissance des « centres » internationaux (maisons d’édition, compagnies cinématographiques), phénomènes de mode, etc. Plutôt que de dresser un tableau général de ce système, même circonscrit à une littérature et à une période précises, C. Janssens a choisi d’étudier un cas particulier, celui de Maurice Maeterlinck et du réseau relationnel qui s’est constitué autour de lui. En tant qu’écrivain adapté au cinéma, il évolue en effet entre le champ littéraire – où il occupe une position dominante – et le champ cinématographique – où il occupe une position dominée ; cette dissymétrie fait mieux ressortir le fonctionnement respectif des deux champs, leurs similitudes et leurs divergences. En tant que dramaturge, Maeterlinck ressortit, de 1889 ( La Princesse Maleine ) à 1902 ( Monna Vanna ), à la « sphère de production restreinte », valorisée symboliquement par la reconnaissance des pairs. Fasquelle devenu son éditeur principal, il entre alors dans la « zone de grande production de qualité » caractérisée par une large diffusion, où il s’installe durablement à partir de L’oiseau bleu (1908). Le filmage de pièces ne commence qu’en 1910 : la multiplication des adaptations « est une conséquence et une cause du vieillissement artistique [de Maeterlinck] dans le champ littéraire ». Le passage de la sphère « restreinte » vers la sphère « publique » observé dans le champ littéraire va néanmoins se reproduire dans le champ cinématographique.Le corpus considéré, de 1910 à 1929, comporte vingt-quatre projets de films, dont dix ont été réalisés, mais dont trois seulement sont aujourd’hui conservés. Si les débuts sont timides, les films entrepris de 1914 à 1918 ne manquent pas d’ambition : Monna Vanna , Pelléas et Mélisande , Macbeth , The Blue Bird . À chaque fois, C. Janssens décortique avec minutie les stratégies des différents agents – dont la très active Georgette Leblanc –, éclairant les intérêts souvent hétérogènes des uns et des autres. Après 1918, la notoriété littéraire de Maeterlinck décline, tandis qu’il s’investit de plus en plus dans le cinéma, notamment l’écriture de scénarios ( La Puissance des morts , Le Malheur passe , etc.), tout en s’éloignant des « centres » italien et français au profit des compagnies américaines telles que la Goldwyn Pictures. Mais le succès ne suit pas et, à partir de 1925, Maeterlinck se réoriente vers l’écriture d’essais, tels que La vie de l’espace  : le seul projet de film qu’il agrée est Le Bourgmestre de Stilmonde , qui sortira en 1929. C’est l’année où prend son essor le cinéma parlant, tandis que les adaptations d’œuvres littéraires ne cessent de régresser.Version allégée d’une thèse de doctorat présentée à l’U.L.B. en 2012, le livre de C. Janssens est d’une rigueur incontestable, accordant une place importante aux questions de méthodologie et à la précision documentaire. Loin de toute considération psychologique ou exégétique, il s’appuie exclusivement sur des faits avérés en prenant pour balises des concepts de Bourdieu ou inspirés par lui, dont il démontre par le fait même la pertinence analytique. Malgré ses grandes qualités, une question demeure : quelle est l’utilité exacte de cette publication ?  Le lecteur informé n’apprend pas grand-chose de nouveau sur Maeterlinck, qui n’est ici qu’un cas d’école, et l’examen de sa carrière entre littérature et cinéma n’est guère généralisable. Détail révélateur : les nombreuses citations en anglais ne sont pas traduites (mais celles en italien le sont)…  Bref, il est à craindre que cet ouvrage reste confiné…

Dépasser la mort. L’agir de la littérature

« Je suis juste quelqu’un qui, comme nous tous, a vu s’effondrer la falaise juste à côté de soi, qui a tremblé au bord du gouffre, et qui a échappé au vertige parce qu’un, puis deux, puis un grand nombre d’écrivains lui ont pris la main pour le tirer en arrière. Venez, je vous précède et je les suis. » En ouverture de son dernier livre, Myriam Watthee-Delmotte nous fait la confidence du suicide d’un ami, André, dont la mort à quarante ans a provoqué le séisme intime dans lequel nous plonge la disparition des êtres chers. Ce bouleversement laisse sans voix et sans mots ceux qui, au contraire de Myriam Watthee-Delmotte, n’ont pas exploré les voies de résilience que la littérature nous ouvre et dont l’auteure de Dépasser la mort nous propose ici quelques titres choisis dans sa bibliothèque. Celle qui a créé le Centre de Recherche sur l’Imaginaire à l’Université catholique de Louvain a élargi le champ du littéraire à celui de la musique : son livre nous propose un accompagnement musical sélectionné dans le catalogue du label Cypres, et disponible en écoute libre sur le site de l’éditeur musical. Pour nous guider, et aller au-delà de son expérience personnelle, Myriam Watthee-Delmotte envisage le face à face avec les multiples visages de la mort, dont les plus grimaçants sont à n’en pas douter le suicide et la mort d’un enfant, en nous proposant de jeter au dessus de l’abîme des passerelles de mots, de phrases, de livres dont elle égrène au fil des chapitres, les secours qu’ils pourraient nous apporter, le premier d’entre eux étant d’   «  accueillir la réalité douloureuse et fondamentale qu’est la mort  ».Les titres de chacun des chapitres, accompagnés de leur environnement musical, sont autant d’illustrations et de déclinaisons de la phrase de Victor Hugo, placée en exergue du livre : «  Les morts sont les invisibles ; ils ne sont pas les absents  ».Combien de fois n’avons-nous pas, lecteurs, fait cette expérience que seule la littérature permet : lisant un livre, qu’il soit de poésie, de fiction romanesque, de théâtre, nous nous sommes soudain sentis moins seuls au monde parce qu’une phrase nous disait simplement ce que nous étions, ce que nous ressentions, ce qui nous isolait, croyions-nous, du monde. Ainsi nous n’étions pas seuls. Un autre, dans ce livre que nous tenons en main, avait écrit exactement et précisément ce sentiment qui nous étreignait jusqu’à l’étouffement.Sur le chemin escarpé et solitaire du deuil, l’expérience littéraire permet de «  réélaborer du sens face à la mort de l’un des siens  » et d’honorer le défunt en le commémorant.«  La littérature ouvre aux mystères du vivant arc-boutés à la mort  » écrit Myriam Watthee-Delmotte en ouverture d’un des chapitres de ce livre-bibliothèque qu’elle nous propose pour Dépasser la mort. Il fallait à la fois la sensibilité d’une véritable écrivaine, – on lui doit, entre autres, un opéra consacré à Verlaine – et l’érudition d’une inépuisable lectrice, pour mettre en évidence, à partir d’une souffrance intime, la consolation que nous offrent les livres face à la «  béance du sens  » dans laquelle nous abandonne la mort de l’autre.Comment ne pas achever cette recension d’un livre de livres, sans citer ces lignes de Béatrice Bonhomme écrites à la mort de son père, le peintre Mario Villani, et dont la fulgurance nous laisse sans voix, mais consolés de nos propres défunts : «  Tu es posé sur l’étrangeté des mondes, dans le cœur dormant de la nuit, et les larmes coulent sur ton cercueil de neige, dans la dentelle de tes mains d’os et de pierre.  » Nous voici donc moins seuls.…

La guerre de nos écrivains. Une chronique littéraire de 14-18

Coup de cœur pour les différentes facettes du projet « Grande Guerre » des Archives et Musée de la…