La vie amène son lot d’événements et certains peuvent nous faire perdre le sourire. C’est ce qui est arrivé à
Suzie qui inquiète, par ce qui se trame dans le monde des adultes, se sent obligée de fabriquer 1000 sourires de
papier… autant d’occasions de faire semblant que tout va bien.
Mais les sourires de papier ne peuvent pas être de longue durée.
Ils s’envolent, se mouillent et finissent par se déchirer. Suzie n’a plus de sourire à accrocher à ses oreilles. Il est
temps…
Auteur et illustrateur de Le sourire de Suzie
Que faire quand on n’arrive plus à sourire ? La petite Suzie s’accroche des sourires de circonstances pour supporter la séparation de ses parents, pour ne pas succomber au chagrin jusqu’au jour où, les mille sourires s’envolent emportés par le vent. Suzie rattrape, tout en haut d’un saule, le sourire tout va bien qui tombe déchiré, trempé aux pieds des parents affolés. N oyée…
Suzie a perdu le sourire, inquiète de ce qui se trame dans le monde des adultes. Inquiète d’inquiéter plus encore les adultes. Elle se compose une collection de sourires à arborer en toutes circonstances. « Un sourire comme défense ». La pauvre Suzie retient tout et garde ses sourires figés. Face impeccable, elle fait face jusqu’à ce que ses sourires de papiers se déchirent. Qui est Suzie ? Elle se cache derrière ses multiples sourires qui la dissimulent, l’étouffent peut-être. Plus elle sourit, plus la vie se complique. Suzie tient ses sourires, contient ses sentiments, jusqu’au « déluge » des émotions. Jusqu’à ce qu’enfin, les parents comprennent et rassurent l’enfant qui en avait besoin.Découper, découper…
Ce matin, sous la tente, le p’tit cœur de Dina est inquiet. C’est son premier jour d’école dans un autre pays. La petite grenouille a peur de se perdre au milieu des gens. Il y a beaucoup de bruit en classe et Dina ne comprend pas ce que dit la maîtresse. Sur le chemin du retour, elle se perd. Le p’tit cœur de Dina est en miettes quand un garçon à vélo lui demande gentiment : « Que fais-tu là grenouillette ? Tu n’as pas l’air dans ton assiette. » Dès la première page, Béatrice Renard et Emmanuelle Eeckhout nous insèrent dans la situation d’inquiétude que vit Dina, la grenouillette. Dans une tente au milieu d’immeubles gris, rien n’est dit de l’exil, mais c’est bien cette réalité que narre l’histoire. Dina quitte le regroupement des tentes pour affronter le réel : le tramway, l’école, la cantine, la cour de récréation. Chaque lieu est une nouvelle épreuve mais toutes sont marquées du sceau de la solitude et elle perd pied au moment du retour, elle s’égare au propre comme au figuré. Texte et images convergent pour donner le sentiment de différence. Sa maman qui l’accompagne à la station du tramway a une robe et un foulard bleus qui tranchent avec le gris urbain. Dina est immobile devant la porte de l’école, confrontée à l’énergie des autres écoliers qui font « trop de bruit ». En classe, Dina ne comprend pas ce que dit la maîtresse et à bien y regarder dans la cour, à la cantine, les petits élèves sont lapin ou chat, mais il n’y a aucune autre grenouille. Même si l’environnement semble accueillant – petites chaises et décors au mur – rien ne lui parle et elle vit physiquement l’isolement, seule au milieu des autres, transparente. Le vocabulaire de l’émotion, du mal être, nomme la peine de Dina et la ligne claire du dessin renforce ces sentiments. Point culminant du récit, la tentation du suicide, la mort, qui rôde le long du canal où elle s’abandonne. Mais si les autrices utilisent l’album pour éveiller les consciences, elles portent aussi une vision chaleureuse de la vie et un garçon gentil lui viendra en aide et le lendemain, le retour à l’école est à la fois semblable et différent. Semblable, les enfants courent vers la porte avec énergie ; différent, Dina nous regarde et elle sourit ! Un album sensible et doux où coopèrent Béatrice Renard et Emmanuelle Eeckhout pour évoquer des réalités…
Tu préfères avoir un petit frère ou un petit chien ? Tu préfères du Nutella sur tes saucisses ou du Ketchup sur tes céréales ? Pour ton anniversaire, tu préfères avoir plein de copains et pas de cadeau, ou pas de copain et plein de cadeaux ? Depuis des générations, l’humanité se fait des nœuds au cerveau avec le célèbre jeu « Tu préfères? ». Dans ce livre, Charly Delwart en propose sa Lire la suite « Tu préfères quoi ? », cette interpellation quotidienne de parents qui interrogent leurs enfants sert d’appui à cet album déroutant où texte et images intriguent, voire provoquent le lecteur. Sur la couverture, Robert, un basset, l’air désabusé ou excédé, mange sa pâtée. Enserré dans un petit pain, il est littéralement un hot dog ! C’est à lui qu’on pose la première question : « Tu préfères du Ketchup sur tes céréales ou du Nutella sur tes saucisses ? ». Les couleurs (principalement le bleu, le jaune et le brun), comme la question, claquent sur la page. L’installation composée de céréales, de chocolat et de Ketchup en équilibre instable est tout aussi saugrenue… A cette question, nulle réponse. Le préambule nous avait prévenu : « Dans ce livre, il y a des questions avec deux choix. Mais tu peux répondre ce que tu veux. Un des deux, les deux, aucun. » Ainsi donc, ce livre-jeu cultive le non-conformisme en mélangeant des questions de différentes natures. Certaines sont purement loufoques (choisir entre avoir une gastro ou une otite) ; d’autres sont impertinentes et mal-pensantes ( « Tu préfères me coller une crotte de nez sur moi ou que je te colle une crotte de nez sur toi ? ») ; d’autres encore, comme dans certains journaux qui dessinent des profils psychologiques, ouvrent des perspectives sur des émotions ou des positions face à la vie. Ainsi, plusieurs questions visent la dimension « chef » : « Quand tu joues, tu préfères être le méchant ou le gentil ? » ; « Tu préfères être trop grand ou trop petit ? » ; « Tu préfères être Président de la République ou Premier ministre ? » On appréciera, sur le plan linguistique, toutes les façons d’exprimer l’alternative et les contraires depuis la forme négative jusqu’aux antonymes (se coucher/se réveiller) et aux jeux de pronoms tantôt sujets, tantôt objets : le fond et la forme foisonnent ! Certaines questions interrogent plus finement nos relations affectives : relations parents/enfants, relations de confiance, relations aux autres (« Quand tu as peur, tu préfères que je sois là pour te rassurer ou t'en sortir tout seul ? »; « Tu préfères avoir toujours raison ou parfois tort ? »). D’autres encore s’intéressent aux liens entre enfants : avoir des copains, des cadeaux, des amoureux ou amoureuses. Tout est traité avec drôlerie et l’illustration accompagne avec beaucoup d’esprit les fantaisies du texte. « Tu préfères quand tu souris à une fille ou quand une fille te sourit ? ». A cette question faussement anodine, puisqu'elle concerne l’égalité des genres, l’illustratrice répond par le visage d’une fillette qui se retourne : à lunettes, ébahie, édentée, on attendait un plus joli sourire ! Charly Delwart et Camille de Cussac signent un album très vivant, coloré, qui réjouira les jeunes lecteurs surpris de trouver tant de liberté dans un livre. A chacun de se saisir de la proposition finale…