Le vif

À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean Tordeur

Auteur de Le vif

Ce qui, nous semble-t-il, caractérise avant tout l'oeuvre de Jean Tordeur, c'est son exceptionnelle unité d'inspiration. Depuis Prière de l'attente jusqu'à Conservateur des charges, l'auteur n'a cessé, en l'approfondissant, de développer le même thème, ou plutôt la même problématique : celle des rapports de l'homme avec le divin, de l'action avec la contemplation, de notre existence ici-bas avec un au-delà conjectural. Ce qui préoccupe ce lecteur de Pascal, c'est, en définitive, la question de la grâce :
Sergents, voyez la forte tête!Veux-tu bien rester dans le rang?Mais, à peine vivant, je guettela balance aux mains des prophètesoù je serai tout noir, tout blanc.Je suis choisi. Cette poussièreprend la forme d'un enfant nu.Le sang me vient. Je suis perdu.Le seul trésor est de se tairejusqu'au jour d'entrer sous la terre.
(Conscrit, dans Le vif, p. 9.)
Il ne faudrait pas en déduire pour autant que la poésie de Tordeur se déploie constamment sur des sommets métaphysiques; il a su trouver, pour célébrer les joies quotidiennes, les fêtes saisonnières, le bonheur de vivre ou la disponibilité, des accents qui, par moments, le rapprochent de Thiry et de Norge.
Sommaire biographiqueJean Tordeur naît à Bruxelles, le 5 septembre 1930. Père de souche brabançonne, mère d'ascendance française et galloise. A l'âge de neuf ans, le jeune garçon, de santé fragile, est confié aux bénédictins de Saint-André, à Loppem, près de Bruges. Découverte de la nature et de la vie liturgique. Tordeur y termine ses études primaires et y entame des humanités classiques. La mort de son père, en 1934, le ramène à Bruxelles. Il achève ses études au Collège Saint-Pierre. Contraint de gagner prématurément sa vie, il entre, en qualité d'employé, à l'Institut national du Crédit agricole, puis à l'Office du Ravitaillement. Mais la vie de fonctionnaire le déçoit; grâce à l'appui d'Adrien Jans, il entame, à la Libération, une carrière de journaliste. Il travaille pour différents quotidiens avant d'être attaché, en 1956, à la rédaction du Soir.1941 marque l'entrée dans la vie littéraire: publication d'Éveil, avec une préface de Maurice Carême. Ce premier livre attire sur lui l'attention de quelques poètes qui deviendront vite ses amis : Jean Mogin, Roger Bodart, Charles Bertin, Géo Norge. Prière de l'attente, publié en 1946, lui vaut le prix des Poètes catholiques.La même année, il consacre un bref essai à Thomas Stearns Eliot dont la lecture a laissé sur lui une durable empreinte.Devenu chef des informations culturelles, littéraires et religieuses du Soir, Jean Tordeur exerce en outre des fonctions au sein de plusieurs associations culturelles : le Quartier des Arts, la Commission royale des Monuments et des Sites, l'Union des Capitales de la Communauté européenne. De 1959 à 1972, il dirige la revue Présence de Bruxelles. En 1963, il crée l'Agenda de Bruxelles.Conservateur des charges, publié en 1964, couronne - provisoirement - une oeuvre poétique plus importante par la portée philosophique que par le nombre de volumes.Jean Tordeur entre à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises en 1974; reçu par son ami Charles Bertin, c'est d'un autre ami qu'il est appelé à faire l'éloge : le poète Roger Bodart, qu'il admire profondément, à l'égal de Norge et de Mogin. En 1988, il succède à Georges Sion en qualité de Secrétaire perpétuel de l'Académie.

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