Lettre du Cap

À PROPOS DE L'AUTEUR
Marcel Thiry

Auteur de Lettre du Cap

L'oeuvre de Marcel Thiry s'inscrit approximativement dans les deuxième et troisième quarts de ce siècle et introduit le monde moderne dans la poésie.Possédant une solide formation classique et, en même temps, très ouvert aux courants littéraires contemporains, Marcel Thiry laisse une oeuvre élégante, distinguée, mais aussi subtile, intelligente et finement sensuelle, qui porte la marque des événements mondiaux (les guerres), mais aussi la trace des activités de l'écrivain (les affaires, les voyages, les rencontres internationales).Il est surtout connu comme poète, mais ses romans ou ses nouvelles, ses essais méritent également toute notre attention.
Marcel Thiry est né en 1897 à Charleroi. Il a quelques mois quand ses parents viennent s'établir à Liège, qui constituera son point d'attache et lui fournira un de ses décors du coeur.Il est élève à l'Athénée de Liège quand la guerre 1914-1918 éclate. Sur le point de terminer ses humanités, il abandonne ses études pour s'engager. Le chemin du front, pour lui, passera par la Hollande, l'Angleterre puis la France.C'est là que se constitue une unité d'autos-canons ) des «blindées», disait-on alors, en mettant le mot au féminin, parce qu'on sous-entendait le mot voiture ) où le recrutement s'effectue un peu par cooptation : Marcel Thiry et son frère Oscar y sont intégrés.En vue de renforcer l'allié russe, les Occidentaux lui envoient troupes et matériel. Les autos-canons s'embarquent à Brest le 21 septembre 1915, débarquent à Arkhangelsk et gagnent Tsarskoïe-Selo (aujourd'hui Pouchkine), dans la banlieue de Saint-Pétersbourg, où les accueille le tsar lui-même.L'unité participe à différentes opérations militaires jusqu'à la révolution de 1917. A la guerre avec l'Allemagne et l'Autriche- Hongrie succède la guerre civile: Blancs contre Rouges. Dans ce genre de conflit, la présence de soldats étrangers en armes est toujours cause de difficultés.Comme la guerre se poursuit à l'Ouest, les Belges sont amenés à regagner leur pays. Ils le feront par l'Est, par le chemin le plus long, c'est-à-dire en faisant le tour du monde. Ils empruntent le transsibérien cher à Blaise Cendrars : Omsk, Karbine, Vladivostok. De là, passage aux États-Unis où la troupe est accueillie avec délire. Défilés, fêtes. Il faut dire aussi que ces jeunes hommes, qui ont vu le feu, servent la propagande du président Wilson qui, après avoir mené une politique visant à tenir son pays à l'écart de la guerre, vient de décider d'y entrer, suite à différents événements préjudiciables à son pays.Retour à Bordeaux le 28 juin 1918; la guerre est proche de son terme.Démobilisé, Thiry n'est détenteur d'aucun diplôme. Mais l'État décide d'accorder des facilités à ceux qui, à vingt ans ou un peu plus, sont des anciens combattants. Thiry entre à l'Université de Liège où il obtient le titre de docteur en droit. Comme il le racontera lui-même dans Falaises, il réussira à être diplômé d'Université... sans avoir son diplôme d'humanités.Marcel Thiry plaide jusqu'en 1928, année où, à la suite du décès de son père, il lui succède dans le commerce des bois et charbons.Le voilà parmi les marchands. Il en connaîtra l'existence bousculée, les incertitudes; il connaîtra la faillite et des moments d'exceptionnelle aisance. Au fil du temps, il donnera la préférence au négoce des bois, ce qui lui permettra de circuler de la Hollande à la France et de chanter les villes et l'«astrale automobile».Avec les remous nés de la montée des fascismes, Marcel Thiry prend position contre les dictatures (Hitler n'est pas jeune). Pendant la guerre, il publie des textes aux Éditions de Minuit clandestines (cf. Pierre Seghers, La résistance et ses poètes).Élu dès 1939 à l'Académie de Langue et de Littérature Françaises de Belgique, il ne prononce son discours de réception qu'au lendemain du conflit, le 15 avril 1946. En 1960, il devient secrétaire perpétuel de cette Académie, et le reste pendant douze ans.Défenseur de la cause française et de la communauté francophone, Marcel Thiry est élu, en 1968, sénateur de Liège, sur une liste du Rassemblement wallon. A ce titre, il représentera notre pays à plusieurs sessions de l'ONU.Il décède en 1977.

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