Théâtre

RÉSUMÉ

Portrait par Françoise Mallet-Joris
Préface de Colette Nys-MasureÀ propos du livre (extrait de la Préface)

Ces trois œuvres [Le Burlador, Tous les chemins mènent au ciel, Le Roi Lépreux] publiées dans l’immédiate après-guerre sont-elle trop liées à un moment de l’histoire du théâtre, à la personnalité singulière…

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Le Burlador

Acte premier

La scène représente un vestibule du Palais du Roi à Naples. Il fait nuit. Obscurité presque totale.

Isabelle. – Suis-moi et ne fais pas de bruit. Le roi dort dans un cabinet au fond de ce couloir. Arrête. Encore un instant. Je ne puis me résoudre à te laisser partir. Est-ce absurde? Il me semble que tu ne reviendras jamais. Jure-moi que tu reviendras.

Don Juan. – Je te le jure.

Isabelle. – Octavio, c'est de cette nuit seulement que je t'aime. Sais-tu quand cela a commencé? Quand tu t'es glissé dans ma chambre, je ne t'aimais pas encore. C'est lorsque tu as posé la main sur mes cheveux. Je la sentais peser doucement sur ma tête. Je me suis trouvée comme un oiseau pris au piège qui se débattrait inutilement.

Don Juan. – Pourquoi cette pensée? C'est donc que tu désirais m'échapper si tu songeais à te débattre. Isabelle. Je veux que tu m'assures que cette nuit je n'ai rien fait contre ta volonté. Répète-moi que je te tiens de ton amour seul et que je t'ai conquise vraiment, et non possédée par surprise.

Isabelle. – Voilà bien les hommes! En un pareil moment, tu ne songes qu'à couver ton orgueil. Octavio, si vieille que je devienne, jamais je n'oublierai le poids de ton silence lorsque tu m'as approchée. Je sentais se ramasser sur moi toute ta douce cruauté. Pour la première fois, j'ai goûté le désir de me laisser emporter, dévorer, d'être une proie.

Don Juan. – Orgueilleuse! Jusque dans l'humilité. Mais ton désir, Isabelle?

Isabelle. – Mon désir attendait chacune de tes caresses. Que me fais-tu dire? Je rougirais de honte si les limites de la honte ne me semblaient reculées. C'est cette nuit seulement que je suis née. Tout est neuf, tout est fort, comme au premier matin du monde. Tu sens bon, mon amour! Sais-tu que tes cheveux sentent l'encens? Et ta bouche, la framboise. Comment se fait-il que je ne m'en sois jamais aperçue? C'est très important.
Table des matières

Portrait, par Françoise Mallet-Joris

Préface, de Colette Nys-Masure

Le Burlador

Tous les chemins mènent au ciel

Le Roi Lépreux


Bibliographie

À PROPOS DE L'AUTEUR
Suzanne Lilar

Auteur de Théâtre

1901 : Naissance à Gand, le 21 mai, de Suzanne Verbist. Son père, Eugène Verbist, d'origine anversoise, est chef de gare au Rabot. Sa mère, Hélène Van Ghelder, est institutrice dans une école communale.1913 : Etudes secondaires (partiellement en flamand à cause de l'occupation allemande) à l'Ecole normale ; ses parents souhaitent qu'elle soit institutrice.1919-1923 : «Humanités achevées en dix mois... études de droit menées tambour battant». Première femme inscrite en droit à l'Université de Gand.1923 : Mariage avec Daniel Delmotte, ingénieur électricien. Fin des études de droit au Jury Central.1926 : Avocat, première femme inscrite au barreau d' Anvers. Journaliste au Matin où elle assure la chronique judiciaire et des comptes rendus d'audiences (jusqu'en 1931). Rencontre d'Albert Lilar, brillant avocat spécialisé en droit maritime et en droit international. Divorce d'avec Daniel Delmotte.1929 : Mariage avec Albert Lilar, le 29 juillet. Abandonne son cabinet privé et ses activités propres. Rédige pour son mari des conclusions de droit international et de droit fiscal, que celui-ci compare au Discours de la méthode.1930 : Naissance du premier enfant, Françoise (aujourd'hui Mallet-Joris, écrivain), le 6 juillet.1931 : Reportage sur l'Espagne républicaine, publié dans L'Indépendance belge, à Bruxelles, du 24 septembre au 18 octobre.1934 : Naissance, le 1er décembre, du deuxième enfant, Marie, dite Miquette (aujourd'hui Frédéricq, docteur en Histoire de l'Art et Archéologie, chargé de cours à l'U.L.B.)1930-1940 : Se consacre à l'éducation des enfants, mais lit beaucoup et annote les philosophes. Le droit recule dans ses préoccupations. Commence à rédiger des nouvelles.1945 : Entrée en littérature avec Le Burlador, pièce de théâtre en trois actes, créée à Paris, au Théâtre Saint-Georges le 12 décembre 1946. Albert Lilar est nommé professeur à l'.U. L. B.1946 : Albert Lilar devient ministre de la Justice (il le restera jusqu'en 1947; il le sera à nouveau de 1949 à 1950, de 1954 à 1958 et de 1960 à 1961).1947 : Tous les chemins mènent au ciel, pièce de théâtre en deux actes, créée à Paris, au Théâtre Hébertot, le 5 novembre.1951 : Le Roi lépreux, pièce de théâtre, créée au Théâtre royal du Parc à Bruxelles, le 31 janvier.1952 : Soixante ans de théâtre belge. Préface de Julien Gracq. Le texte a d'abord paru en anglais à New York.1954 : Journal de l'analogiste, prix Sainte-Beuve 1954.1955 : Rencontre à Milan de M. B.; «amour du milieu de la vie»; renoue avec le sacré de son enfance.1956 : Elue à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises, le 9 juin.1958 : A. Lilar est chargé de la Vice-Présidence du Conseil de Cabinet (jusqu'en 1960); il présidera la Table ronde sur l'Indépendance du Congo belge.1960 : Le Divertissement portugais, récit. Dédié «à Miquette, qui ne sera jamais une vraie grande personne». Prix du roman de l'Académie des Hespérides en 1961. La Confession anonyme, roman publié sans nom d'auteur.1963 : Le couple, essai. Prix Eve Delacroix.1964 : «Le baroquisme de la mer appareille pour l'Absolu», article paru dans un numéro de La Revue des voyages consacré au Portugal.1967 : A propos de Sartre et de l'amour, essai.1969 : Le Malentendu du deuxième sexe, essai. Prix quinquennal de la critique et de l'essai pour la période 1966-1970.1976 : Une enfance gantoise, autobiographie. Prix Saint-Simon. Mort d'A. Lilar : il était ministre d'État. Suzanne Lilar vend l'hôtel de la rue Jordaens à Anvers et s'installe à Bruxelles. Reçoit pour ses mérites le titre de baronne.1983 : Adaptation pour l'écran par André Delvaux de La Confession anonyme sous le titre Benvenuta. A l'automne, Henri Ronse, directeur du Nouveau Théâtre de Belgique, organise un colloque Lilar dont les communications seront publiées trois ans plus tard.1986 : Cahiers Suzanne Lilar, incluant deux choix de textes inédits : Les Moments merveilleux et Journal en partie double.1992 : Suzanne Lilar décède le 11 décembre 1992.

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