Tripes d'or : théâtre

À PROPOS DE L'AUTEUR
Fernand Crommelynck

Auteur de Tripes d'or : théâtre

Fernand Crommelynck naît le 19 novembre 1886 à Paris dans une famille que le théâtre hante depuis deux générations déjà. Enfance et adolescence marquées au coin de la précarité : difficultés financières chroniques de la famille, instabilité d'un père aimant et pourtant toujours prêt à s'éloigner, va-et-vient entre Bruxelles et Paris... Premiers pas en littérature au tournant du siècle des poèmes mais également deux pièces versifiées en un acte qui, l'une comme l'autre, paraîtront et seront montées en 1906. Il s'agit de Nous n'irons plus au bois, une «bluette» créée au Théâtre du Parc, et de la première version du Sculpteur de masques qu'Émile Verhaeren préface de façon louangeuse... et qui sera jouée cette même année à Moscou à l'insu de son auteur ! 1908 : Fernand Crommelynck épouse Anne Letellier. Le couple vit tantôt à Bruxelles, tantôt à Paris. Nouveaux poèmes et, en 1911, création au Théâtre du Gymnase, à Paris, du Sculpteur de masques en trois actes et en prose, que l'on considérera comme la première pièce réellement aboutie de l'auteur. L'accueil, cependant, est mitigé. De ces années datent encore Le marchand de regrets (écrit en 1909 et créé au Théâtre du Parc en 1913) et surtout Les amants puérils (écrits en 1913 et créés sept ans plus tard seulement au Théâtre des Galeries). Car entre-temps est survenue la guerre : après avoir tenté de rallier l'armée belge qui résiste en Flandre occidentale, Fernand Crommelynck fonde à Bruxelles le Théâtre Volant qui vivra le temps de deux saisons. Établi à nouveau à Paris après la guerre, notre auteur vit de ses activités journalistiques. Époque difficile, impécunieuse, qui se termine avec le succès foudroyant du Cocu magnifique. Fruit d'une lente maturation, la pièce a pris forme en mars 1920 et fut montée l'année même au Théâtre de l'oeuvre, à Paris, par Lugné-Poe. Elle est reçue, selon le mot de Jeanine Moulin, dans une «sorte de délire». Dans les années qui suivent, la pièce est montée dans de nombreux pays européens - dont l'U.R.S.S. où Meyerhold la met en scène dans un décor constructiviste. Tripes d'or: tel est le nom de la pièce suivante, montée en 1925, à la Comédie des Champs-Élysées, dans une mise en scène de Louis Jouvet. Début de scandale : cette farce tragique effare le public parisien. François Mauriac parle, à cette occasion, de Crommelynck comme d'«un Molière en état d'ébriété!». Les années qui suivent entraînent de profonds bouleversements dans la vie de l'auteur : en 1927, il noue avec Aenne Grünert une liaison qui perdurera jusqu'en 1948. Bientôt, les nouvelles charges familiales qui lui incomberont le pousseront à écrire régulièrement des scénarios et des adaptations pour le cinéma. Parallèlement à ses activités avant tout alimentaires, le dramaturge conçoit encore quelques grandes pièces à la création desquelles il participera peu ou prou. Ce sera Carine ou la jeune fille folle de son âme (créée au Théâtre de l'oeuvre en 1929), Une femme qui a le cœur trop petit (créée au Palais des Beaux-Arts, à Bruxelles, en 1934) ainsi que Chaud et froid ou l'idée de Monsieur Dom (pièce créée, en 1934 également, à la Comédie des Champs-Élysées). A partir de 1935, commence pour Fernand Crommelynck une longue période de silence, ou, plutôt, d'autocensure puisqu'il est avéré que divers textes dramatiques furent écrits et puis brûlés. Entre 1940 et 1945, l'auteur est appelé à diriger le Théâtre des Galeries, à Bruxelles, en collaboration avec Lucien Fonson. Les années cinquante voient paraître un étrange roman policier, Monsieur Larose est-il l'assassin? ainsi que la pièce Le chevalier de la lune ou sir John Falstaff. Hommage à Shakespeare, cette comédie en cinq actes est une adaptation d'une partie de Henri IV. Parti s'établir définitivement en France en 1945, Fernand Crommelynck y meurt le 17 mars 1970 dans son appartement de Saint-Germain-en-Laye.

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Lisa DEBAUCHE , La nuit est encore debout c’est pour ça que je ne dors pas , maelstrÖm reEvolution, 2023, 150 p., 15 € , ISBN : 978-2-87505-473-9    Le poème veut la vie. Il ne renonce pas. Tel pourrait être l’acte de foi de Lisa Debauche sinon même son art poétique. Épouser au plus près la condition humaine, être l’instrument de mesure de ce qui en nous résiste envers et contre tout, déjouer l’indifférence, la superficialité, la violence native, ouvrir malgré tout des portes permettant à l’air de circuler, à l’être humain d’accueillir ses possibles, de tendre la main, telle est la fonction du poème, vecteur de résistance. J’ai réellement rencontré la poésie, je veux dire physiquement, suite à un bouleversement familial. Au moment où tous mes repères s’effondraient, j’ai couru d’instinct vers la poésie. J’y ai trouvé la vie ; brute, sauvage, indisciplinée. J’y ai trouvé le souffle que j’avais toujours traqué éperdument, ce désir absolu d’intensité. Une langue des sensations qui dit autrement le réel mais ne cesse de l’étreindre. […].Ce premier recueil de Lisa Debauche, La nuit est encore debout c’est pour ça que je ne dors pas , est de ces livres qui vous captent immédiatement et qu’on ne lâche pas avant d’en avoir terminé la lecture.  Et, celle-ci à son terme résonne encore et encore longtemps en vous. Dans une langue «  brûlante comme la neige « , elle nous parle d’une histoire d’amour, de solitude, d’interrogation existentielle, de la catastrophe du monde et de l’être, de nos plus beaux élans suivis d’innombrables chutes, de la condition et de l’identité féminine aujourd’hui, thèmes classiques certes. Il faut toutefois bien comprendre que ces thèmes classiques, parce qu’ils ont été souvent abordés, nécessitent une approche qui ne tolère aucun à peu près, qui réclame profondeur et fulgurance à travers la leçon d’une expérience réelle de la vie — ex periri , c’est-à-dire ayant traversé les dangers. Ce défi, Lisa Debauche le soutient avec talent et probité. Son écriture à la fois simple et personnelle est traversée par des fulgurances, le ton en est juste et en même temps musclé  : pas de faux-fuyants, pas de poses égocentriques, pas d’intellectualisation et de généralisations abusives qui conduiraient le propos thématique et le style du poème au cœur de l’inauthentique et de la pacotille. Lisa Debauche empoigne son sujet et lui fait superbement rendre gorge : Je suis aux mots ; à leur texture et à leur danse.Je suis aux mots : avidement et dévêtue.Car rien ne m’appartient plusque les mots qui me contiennent.Car rien ne m’appartient autantque le souffle en eux-mêmes.Et tandis que je titube, que je trébuche,que je bégaie,et malgré que je m’élance, que je m’ivresse,que je me brûle,la terre tourne et moi avec elle.La terre tourne autour du soleil. Chez Lisa Debauche, la langue frappe juste, elle cogne même quelquefois. Elle a des métaphores qui n’appartiennent qu’à elle : À l’abandon comme une vague ; le ciel se couvre d’amertume ; comme autant de tonnerres tu te tiens face à moi ; la nuit tatouée d’amour et de lilas ; le jour aussi qui point derrière la colline comme un cheval sauvage … autant de relances dans le narratif qui lui donnent de la perspective et de la profondeur. Et puis ce narratif est tout sauf bavard, car Lisa Debauche procède par coupures, juxtapositions, hachures rythmiques, pollinisations sémantiques autant que par périodes explicatives habituelles à la prose : Tu as décidé.De faire avec ton corps autre chose.De faire avec ton corps. Le thym et le persil,debout sur la commode.En travers de tes bras,des larmes d’aubépine.Quelqu’un entrera,réchauffer ta bouche.La virgule en suspenscomme ton corps, déraciné.En travers de la gorge,un chardon trop ardentte fait danser.Et cette fenêtre à peine entrouvertelaisse pourtant passerla rue de ton enfanceblessée. Une vraie voix poétique est née avec Lisa Debauche et nous en attendons beaucoup. Car son sens de l’image et l’équilibre nerveux de son style tout autant que sa capacité à sublimer la réalité pour y désigner le point de fuite où commence l’aventure poétique véritable sont indéniables : Entre mes seins,j’ai un papillon bleudessiné au couteau,à l’encre de la nuitet au creux de mes hanches — à toi qui me comprends —c’est toute une forêtqui s’ouvre sous la pluie.   Éric Brogniet Plus d’information…

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