Auteur de Tsiky (série)
Né le 22 avril 1964 à Etterbeek
Romancier et scénariste, vit de son écriture. Outre son travail d’écrivain pour adultes, il s’adonne à l’écriture jeunesse. L’auteur aborde toutes formes d’écriture : récit, conte, comptine, pièce de théâtre, roman, poésie ou scénario de bande dessinée, chanson et, tout récemment, scénarion d'animation et de long métrage ... Rien ne semble vouloir échapper à son désir de partager humour, émotion, tendresse et humanité. Benny est un champion ! Livre pour enfants avec Nicolas Viot paru en 2011 a été traduit en 27 langues. Il collabore aux revues Dopido, Dorémi, Bonjour, Dauphin, Tremplin ID, Eclats de rire, Tire-Lire chez Averbode. Lauréat d’une Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Aide au projet, 2008
Léonie BISCHOFF et Kathleen KARR , La longue marche des dindes , Rue de Sèvres, 2022, 145 p., 18 € / e P ub : 6.99 € , ISBN : 978-2-8102-1365-8Dès 9 ans On n’arrête plus Léonie Bischoff qui a récemment remporté un deuxième prix pour l’album La longue marche des dindes , quittant cette fois le festival d’Angoulême avec le Fauve Jeunesse en poche. Celui-ci lui a été attribué pour l’adaptation du roman éponyme de Kathleen Karr dont la traduction en français, parue pour la première fois en 1999 à l’École des Loisirs, avait déjà reçu le Prix Versele en 2001 en Belgique. Le récit est inspiré des convois de dindes qui étaient menés au 19e siècle à travers les États-Unis en vue des repas de Thanksgiving. À cette époque où les transports réfrigérés n’existaient pas, les turkey drives faisaient en effet partie du paysage… Il n’est pourtant jamais question de fêtes de famille dans l’album de Léonie Bischoff où le jeune héros Simon Green ne peut compter que sur lui-même. Parachuté dès son plus jeune âge chez un oncle et une tante peu disponibles en amour comme en en temps et en argent, Simon ne manque à personne lorsqu’à douze ans, il quitte Union, Missouri, pour Denver, Colorado, menant fièrement vers l’Ouest un troupeau d’un millier de dindes. Pas trop embarrassé par la cervelle d’oiseau qu’on lui attribue, plutôt confiant en l’avenir et fiable aux yeux des autres, Simon conduit sa caravane sans se laisser décourager par les nombreux obstacles qui jalonnent son chemin. L’institutrice Miss Rogers finance l’équipe des quatre individus qui courent derrière les oiseaux… Outre Simon, ce sont tous des marginaux écorchés rencontrés sur le chemin, que le regard confiant du garçon élève : Mister Peece, meilleur muletier mais incorrigible alcoolique aux grands talents culinaires, Jo Ballou, esclave en fuite vers le Kansas, ou encore Lizzie Hardwick, dernière survivante de sa famille et herboriste hors pair.Impossible de ne pas retrouver dans l’aventure les nombreux stéréotypes des récits fondateurs à l’américaine, stéréotypes que l’autrice semble s’être beaucoup amusée à dessiner et qu’en tant que lecteur, on se réjouit de retrouver au fil des pages : dangereuse traversée du désert et dindes à la broche au soleil couchant, Indiens menaçants, mythe du self-made man dont le travail honnête et courageux est finalement récompensé. C’est un peu comme si la quête initiatique et solidaire des personnages du Magicien d’Oz se déroulait au pays de Lucky Luke, avec des bandits pires que les Dalton et des Indiens à la psychologie plus étoffée que celle des albums de Morris.Léonie Bischoff signe un très bel album aux couleurs chaudes, aux dessins doux, qui invite, comme Simon, à prendre les choses comme elles viennent et les gens comme ils sont, à ne pas cesser de s’émerveiller, par exemple, de la grandeur du plus grand petit cirque de l’année. Violaine Gréant Plus d’information…
Genius (T. 1). Un robot pas comme les autres
Dans un futur proche, les androïdes sont entrés dans les foyers et peuplent notre quotidien. Dans ce monde, Max, 12 ans, est un jeune adolescent solitaire qui a du mal à se faire des copains. Son père est très accaparé par son travail,…
Un jour, Nella est traversée d’un sentiment impérieux : Nonna va bientôt s’éteindre, ses pulsations cardiaques s’affaiblissent, ses respirations sont comptées. Faisant fi des obligations scolaires et de l’autorisation parentale, elle décide alors de se rendre sur la Montagne. Cet endroit où elle a passé une partie de son enfance avant d’être emmenée dans la Vallée ; ce lieu ardu et mystérieux que sa grand-mère, elle, n’a jamais quitté. Le chemin est malaisé, d’autant que le froid et les flocons s’abattent sur l’adolescente, le paysage… et certaines pages de l’album (dans un incroyable rendu graphique !). Nella se réfugie, le temps d’une halte sèche, à l’intérieur de la chapelle du village. Dans une pénombre chargée de prières, de statues, d’incantations, de bougies et de totems, elle aperçoit, accroché à un mur, un ex-voto intriguant l’œil : « Nella Salvat Torrent ». Étrange… L’adolescente poursuit sa route à travers une nuit violette, ses foulées rythmées par une comptine sibylline qui commence ainsi : « Une main, deux bottes / trois fourches, quatre pattes / cinq noix dans une poche / coule, coule torrent de roche… » Rompue, elle parvient enfin dans la demeure de l’aïeule… Trop tard ?« Pleure, Moineau, pleure / Pleure puis. Tu iras au torrent / Au torrent ? / Tu es sa petite. Tu vas devoir faire ça pour elle » Quelle est donc la mission dont est chargée Nella ? Et, surtout, quel est le lien puissant qui la ramène sans cesse aux flots impétueux du cours d’eau ? Par le truchement de montagnards (un pêcheur de truites aux jambes d’échassier, le terrible guérisseur chamanique Barbagallo, le chasseur Celestino à la fourrure odorante et d’autres encore), puissantes incarnations des traditions ancrées et du passé vibrant, elle va remonter peu à peu le courant des souvenirs et se rapprocher de la source oubliée…L’univers graphique de Sarah Masson et Michel Squarci impose le respect par une composition très dense et travaillée, ne s’offrant pas de prime abord. Dès lors, une simple lecture se transforme en une expérience délicieusement exigeante, immensément gratifiante. Les yeux se plissent pour percevoir les infinies subtilités illustrées et les caractères blancs du texte. Ils fouillent et détaillent les planches, trouvaille colorée par trouvaille collée. Ils se perdent, se posent, s’écartent, se fixent ; cherchent le fil délicat tissant des images de toute beauté. C’est un voyage initiatique, troublant et nécessaire, tant pour Nella que pour le lecteur qui lui emboîte le pas avec une curiosité déterminée, au cœur…