En couverture de ses souvenirs littéraires, il s’affichait au Portugal, entre ombre et lumière ; sur celle de son journal de voyage, Marc Hanrez a choisi un cliché qui le campe dans une pose conquérante, entre insolence et insolation, sur les marches du théâtre d’Épidaure.« Vous avez dit : un Journal de voyage ? », et aussitôt s’installe dans l’esprit du lecteur la terrible perspective d’avoir à effeuiller l’album-photo d’un autre, commentaires et exclamations à l’appui… Au moins, quand on est invité chez un couple d’amis qui insèrent une clef USB dans le téléviseur en frétillant à l’idée de vous faire défiler, et donc partager, leur bonheur vacancier, on se console en se gavant de chips et de limonade,…
La première revue féministe francophone. Les Cahiers du Grif
Il y a cinquante ans paraissait le premier numéro des Cahiers du Grif (Groupe de Recherches et d’Informations Féministes), un an après la première Journée des femmes à Bruxelles et en pleine effervescence. Les 1500 exemplaires sont vendus en vingt-quatre heures. Le féminisme est alors multiple. Sa vivacité est grandissante et son développement constant. Les rassemblements sont nombreux. Les réflexions touchent de plus en plus de domaines. Fondée par Françoise Collin, la revue compte également parmi ses créatrices Hedwige Peemans-Poullet, Jeanne Vercheval, Éliane Boucquey, Jacqueline Aubenas, Marie Denis, Suzanne Van Rokeghem, et Marthe Van de Meulebroeke. Elle aborde des sujets aussi vastes que la dépénalisation de l’avortement, le travail ménager, la création artistique et ce, sous différents angles (dialogues, analyses philosophiques, recherches scientifiques). Les Cahiers du Grif seront publiés durant trois périodes : de 1973 à 1978, de 1982 à 1994 et enfin, en 1996 et 1997.Paru aux Impressions Nouvelles en octobre 2023, La première revue féministe francophone. Les Cahiers du Grif , dirigé par Caroline Glorie et Teresa Hoogeveen constitue le premier livre entièrement consacré à la revue. Il rend compte de cette diversité et de l’impressionnant dynamisme dont ont fait preuve ses contributrices depuis la création du premier numéro, « Le féminisme pour quoi faire ? », jusqu’à la renaissance de la revue dans les années quatre-vingt, où l’accent sera mis sur la sororité et les rapports transgénérationnels. La pensée d’Hannah Arendt et celle de Simone de Beauvoir sont l’objet d’études et réflexions, tout comme des sujets d’ordre social, politique ou philosophique qui demeurent d’une grande actualité : la maternité, la place des femmes au travail, le corps des femmes, entre autres. Il replace également la publication des trois séries des Cahiers dans leur contexte, permettant ainsi d’en saisir au mieux les enjeux.Poursuivant un objectif de transmission initié par Françoise Collin dans la revue, ce volume permet aussi de rappeler que les Cahiers du Grif , encore trop souvent méconnus, sont libres d’accès via la plateforme Persée. Teresa Hoogeveen et Caroline Glorie disent dans l’avant-propos combien la transmission demeure fragile et est pourtant cruciale. Elles s’inquiètent du fait que « les réveils féministes continuent d’être la norme dans la mesure où les mouvements féministes antérieurs ne semblent pas…