Béatrix Beck, la vraie littérature est hermaphrodite (2003)

Béatrix Beck est peut-être, à 88 ans, la doyenne des lettres françaises. Des lettres françaises de Belgique? A-t-on jamais pu vraiment la qualifier d’auteur belge? Les Éditions Labor qui republient aujourd’hui dans sa collection patrimoniale Confidences de gargouille ne semblent même pas se poser la question.
Le Carnet et les Instants a adressé à Béatrix Beck quelques questions auxquelles elle a répondu depuis sa verte retraite entre Paris et Normandie, dans un hameau improbable baptisé Les Flamands.

*

Née en Suisse , à Villars-sur-Ollan, au détour d’un voyage, Béatrix Beck n’est plus belge depuis près de cinquante ans. Fille du poète et polémiste verviétois Christian Beck (1879-1916), elle vit paraître son premier poème en 1926 dans L’Écho de Paris.
Depuis, elle a mené de front l’écriture de nouvelles, de romans, de poèmes, de livres pour enfants, et un travail de journaliste, puis d’enseignante.

Après le prix Goncourt qui…

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Karel Logist

Auteur de Béatrix Beck, la vraie littérature est hermaphrodite (2003)

Pour ne pas céder tout de suite à la confusion devant le personnage Karel Logist, essayons de trouver des repères qui permettront de l'inscrire dans une certaine histoire.Notons comme début prometteur qu'il est né à Spa le 7 juillet 1962. Il est clair que le poète, en tant qu'il doit se libérer de l'influence de ses prédécesseurs ou de celle de ses contemporains, est presque nécessairement un autodidacte : il se retrouvera toujours seul au moment de développer l'originalité de ses propos. Mais il ne passe pas non plus nécessairement ses journées à guetter l'inspiration dans une grotte ou dans des ruelles obscures.Contre les clichés touchant à la marginalité du poète, Karel Logist n'a cessé de poursuivre des formations sur le plan professionnel : passant d'un régendat français-histoire à un graduat de bibliothécaire-documentaliste puis à une licence complémentaire en Sciences du livre et Sciences documentaires, il est devenu, en 2003, licencié en Information et Communication à l'Université de Liège. Depuis 1995 il occupe une place de bibliothécaire-documentaliste à la bibliothèque «Information et Commu-nication» de cette même université.Pour ce qui touche à l'édition, il est rédacteur et fondateur des éditions Le Fram, très actives tant sur le plan de l'édition de livres - J. Izoard, F. Saenen et C. Lamarche, d'autres éminents représentants de la littérature belge contemporaine, y ont été publiés - que sur celle de la revue semestrielle. Il est aussi co-directeur de la collection patrimoniale «Ha» au Taillis Pré et co-fondateur de «Mot@Mot», une maison d'édition virtuelle sur le Net.Cette accumulation de références permet une inscription, grosso modo, de l'individu dans le réel, et si ce parcours éclatant ne permet pas encore de se fixer une idée des échos rencontrés par l'oeuvre de Logist, on peut en avoir un aperçu en détaillant les prix qu'il a reçus.Le séismographe (1989) a reçu à lui tout seul les prix Georges Lockem, Robert Goffin, Maurice Carême et le Prix jeune Talent de la Province de Liège. Alexandre Kosta Palamas (1996) a quant à lui été lauréat du prix Emile Pollak de l'Académie en 1996. Cette année-là Force d'inertie a aussi été récompensé par le Prix du Parlement de la Communauté française. Cette série impressionnante s'est poursuivie en 2005 par l'attribution du prestigieux prix Marcel Thiry à J'arrive à la mer (2003).


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6 novembre 1928, 17 h 00, La Coupole. Une romance qui sculpte la poésie française

Le mercredi 7 novembre 1928, Louis Aragon et Elsa Triolet se réveillent pour la première fois dans les bras l’un de l’autre. Elle se pelotonne amoureusement contre lui. Les deux amants se regardent, encore étonnés de la passion de la nuit. Il y a douze heures à peine, ils ne se connaissaient pas. La chambre est minuscule, hideusement rayée de violet et de jaune. C’est celle occupée depuis quatre ans par Elsa Triolet à l’hôtel d’Istria, en plein Montparnasse. Il est près de midi. Les deux amants ont faim. Après une toilette élémentaire, les voilà prêts à dégringoler les marches pour sortir et se restaurer dans le quartier. C’est alors qu’ils tombent nez à nez avec le grand poète russe Vladimir Maïakovski de passage à Paris. Cette rencontre est si soudaine, si inattendue que tous trois éclatent de rire. Il faut dire qu’Elsa avait perdu sa virginité avec Vladimir quinze ans plus tôt, avant qu’il ne lui préfère sa soeur, Lili Brik. Pourtant, ils sont restés amis, elle lui sert d’interprète à chaque fois qu’il vient à Paris. Quant à Aragon, il avait fait la connaissance du poète russe l’avant-veille, à la Coupole. Par une autre et étrange coïncidence, c’est également dans cette célèbre brasserie de Montparnasse que Louis et Elsa se sont rencontrés. Plusieurs jours auparavant, la jeune Russe avait demandé au surréaliste Roland Tual de lui arranger un rendez-vous avec Aragon qu’elle admire depuis plusieurs années, sans jamais oser l’approcher. Depuis son installation à Paris en 1924, elle a croisé à plusieurs reprises l’écrivain surréaliste dans le Montparno de l’entre-deux-guerres, colonisé par des peintres, des écrivains et des poètes accourus du monde entier. Finaude et fidèle à ses pulsions, elle le remarque la première fois en 1925 lors du fameux banquet agité de La Closerie des Lilas où les surréalistes dénoncent le nationalisme et la guerre du Rif au Maroc. 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Le spanglish / 1

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