Si une ville est un lieu chargé d’histoire, elle est aussi le repaire sacré de l’amour. Nul besoin d’entendre fredonner un gondolier pour attirer les amants : on peut également dire «Je t’aime» avec l’accent bruxellois. Si la capitale de l’Europe a un centre en forme de cœur, autant dire qu’elle fut le théâtre de bien des histoires d’amour.
À travers l’histoire et l’art, l’auteur a cherché à découvrir Bruxelles différemment en prenant comme guide l’amour. C’est donc à une nouvelle…
Auteur de Bruxelles et l'amour
Suite à la publication de notre article sur Neel Doff la semaine dernière, Karoo vous propose une interview de l’autrice de Jours de famine et de détresse . Une occasion de comprendre son histoire personnelle et ses motivations. Suite à la publication de notre article sur Neel Doff la semaine dernière, Karoo vous propose une interview de l’autrice de Jours de famine et de détresse . Une occasion de comprendre son histoire personnelle et ses motivations. « Une heure avec Neel Doff » a été publié dans Les Nouvelles littéraires du 21 décembre 1929. Il s’inscrit dans un cycle d’interview-reportages que Frédéric Lefèvre consacre régulièrement à une écrivaine. Le ton est mondain et Lefèvre n’hésite pas à brosser ses interlocutrices dans le sens du poil. On s’en rendra compte, ci-dessous, lorsqu’il pronostique, mi-amusé mi-sérieux, un prix Nobel à Doff pour compenser le Goncourt qu’elle a raté en 1911. Malgré cette approche très enrobante, l’interview donne l’occasion à l’autrice de présenter son histoire mais surtout de revenir sur le processus de publication de son premier livre et sur sa vision de l’écriture. La Une des Nouvelles littéraires du... 28 décembre 1929, une semaine après l'entretien avec Neel Doff. Si elle avait écouté les conseils des figures tutélaires de son temps, il est à parier qu’elle n’aurait jamais publié une seule ligne. Ses Jours de famine et détresse sont, c’est vrai, très loin de la poésie d’un Verhaeren ou du stylisme d’un Eekhoud… Elle arrive trop tôt : le roman prolétarien n’existe pas encore et la représentation du « populaire » est gouvernée par le naturalisme, ses codes et ses auteurs bourgeois et masculins. Il est très signifiant que Doff ne cherche pas à s’inscrire à la suite de Zola ou de Lemmonier mais qu’elle les critique au contraire. Elle se place sous la bonne étoile de Dostoïevski des années avant que l’auteur russe ne devienne une référence dominante de la littérature francophone et l’objet de débat passionné comme cela sera le cas, par exemple, dans et autour de l’œuvre de Camus. Il faut donc prendre cette interview pour un produit de son temps : volontiers « sensationnelle » et déterminée par les intérêts de Lefèvre. Nous avons conservé la forme original à deux exceptions près : le résumé en intertitre, redondant, a été supprimé, ainsi que le passage en gras d’un paragraphe, qui choquerait trop dans une composition en ligne. Les multiples utilisation de l’italique – pour signaler les œuvres, souligner les propos de Doff et marquer les interventions de Lefèvre – ont en revanche été conservées ; comme l’utilisation d’orthographes aujourd’hui hérétiques, comme celle de « poëte ». Nous devons signaler, surtout, qu’une partie de la version originale (disponible sur le site de la Bibliothèque National de France ) a été altérée : en effet, un coin de journal manque. Nous avons essayé, dans la mesure du possible, de reconstituer les phrases ainsi amputées en signalant à chaque fois nos ajouts par des crochets ([…]). La plupart des mots étaient facilement devinables ; mais dans un ou deux cas, le transcripteur a dû risquer une interprétation. Dans ce cas, le mot est suivi d’un point d’interrogation ([… ?]). Pour une unique occurrence, il nous a été impossible de compléter le passage, les crochets demeurent donc vides. Une heure avec Neel Doff Les Nouvelles Littéraires – 21 décembre 1929 Je m’imaginais je ne sais pourquoi que Neel Doff, qui est la plus justement célèbre des femmes écrivains d’Europe et du monde habitait un village perdu en Hollande. Et voilà que je reçois samedi un nouveau livre d’elle, composé de deux grandes nouvelles, Elva qui donne son titre au volume et Dans nos bruyères . Aucune dédicace mais une carte avec l’adresse de l’auteur à Bruxelles. Pas une minute d’hésitation. Le premier train partait une demi-heure plus tard : à deux heure et demie, je sonnais chez Neel Doff qui habite le quartier de la Porte de Namur. J’étais ému comme au plus grands jours. Neel Doff n’aurait-elle pas dû depuis longtemps prendre place dans ma galerie d’ Heures avec … entre Thomas Hardy , l’auteur de Jude l’obscur et de Tess d’Urberville , près de qui j’avais eu la chance de passer une journée inoubliable dans sa villa de Max Gate, à Dorchester, quelques années avant sa mort, et Johan Bojer ou Ramuz ? Neel Doff fait partie de la phalange peu nombreuse des écrivains authentiques, pour qui écrire est une nécessité et un acte, un acte nécessaire , le plus souvent un acte révolutionnaire, un acte de révolte contre les bassesses et les médiocrités d’une existence si dure au plus grand nombre. Neel Doff, la princesse des écrivains non-conformistes… Jours de famine et de détresse , Contes farouches , Keetje , Keetje trottin , Angelinette , Campine , Elva , sept livres, sept chef d’œuvres. ** Je suis introduit par une femme de chambre flamande qui s’exprime difficilement en français et qui est sans doute la remplaçante d’Elva. Elle a, en effet, l’air beaucoup trop grave pour que je reconnaisse en elle la petite bonne par usurpation de fonctions qui a donné son nom au dernier livre de la grande romancière. Simple, gai, alerte, souriante, Neel Doff m’attend dans son grand cabinet de travail au premier étage. Au mur, des affiches encadrées de Toulouse-Lautrec, datées de 1894 et 1895 : May Milton , May Bedford, qui chantait au Chat-Noir, Jane Avril , du Jardin de Paris. Une autre, la plus belle peut-être, est une affiche de publicité pour un livre Babylone d’Allemagne, par Victor Joze , chez tous les libraires ! Je ne peux détacher mes yeux de ses magnifiques uhlans. Au premier plan, un officier athlétique tourne vers nous une tête, arrogante comme il sied. Les croupes des cheveux qui disparaissent luisent étrangement. Je songe à la gloire et à Victor Joze. Victor Joze est mort, bien mort, Neel Doff est immortelle, et c’est le roman mort-né de Victor Joze qui fut révélé aux masses par l’immortel Toulouse-Lautrec. Ironie du sort ! Le livre, occasion et objet de l’affiche, a sombré à jamais dans les limbes des [au]teurs sans personnalité, tandis que [l’affi]che est toujours là, qui nous émer[veille et] témoigne une fois de plus qu’un [bon ?] artiste sait demeurer fidèle dans le[s petites] choses comme dans les grandes [œuvres ?,] pour lui il n’y a pas de genre i[ngrat] mais un devoir constant de dem[eurer tou]jour égal à soi même. Neel Doff suit mon regard et, sans nul doute, devine et partage ma pensée. Menue et charmante, elle s’est installée en face de moi comme si elle allait continuer à taper sur sa petite machine portative. A côté de la machine, un gros paquet de feuilles dactylographiées. Je m’excuse d’interrompre son travail. - Non, ce n’est pas un nouveau roman. En ce moment, je ne suis pas inspirée. Je ne me force jamais. Alors, comme il faut travailler tout de même, quand je suis en période de sécheresse, je m’amuse à des traductions : c’est ici la traduction du roman d’une jeune Hollandaise inconnue en France, Carry van Bruggen : Het Huisje Aan de Sloot qui veut dire : La maisonnette au bord du fossé . L’auteur dépeint dans ce livre la vie des juifs miséreux d’une petite ville de la province hollandaise. C’est pittoresque et émouvant. (pas d’ouverture) ** Je regarde mon interlocutrice. Elle parle avec vivacité, enthousiasme. Comme ses cheveux blancs sont fins ! Quelle flamme jeune dans ce regard mobile ! Quel âge peut-elle avoir ? Elle avoue avec coquetterie : - Je suis née le 27 janvier 1858. Mon père, un grand Frison, était gendarme et ma mère dentellière. Troisième née d’une famille de neuf enfants, je n’allais à l’école que par intermittence. Il me fallait habiller, porter, promener, surveiller mes frères et sœurs. Mon père était si bon qu’il ne pût rester dans la maréchaussée : il prévenait les braconniers qu’il…
Préface de Jacques De Decker À propos du livre Colette et la Belgique : une longue histoire…
Aspects inconnus et méconnus de la contrefaçon en Belgique
À propos du livre La contrefaçon belge des livres à l'époque romantique est quasiment inconnue. Née au lendemain de la séparation de la Belgique d'avec la France et de son rattachement à la Hollande, poursuivie après l'indépendance belge conquise à la suite de la révolution de 1830, cette industrie colossale, parfaitement licite en raison des législations nationales et internationales d'alors, eut à son actif, sans que leurs auteurs ou leurs ayants droit pussent s'y opposer, la reproduction, la traduction, l'adaptation des ouvrages étrangers, principalement français, qu'ils fussent littéraires, religieux, scientifiques, artistiques, politiques, historiques, militaires, musicaux, ou qu'ils traitassent de cuisine, de jeux de société, de typographie, d'archéologie, etc. Ce sont toutes les facettes de la «contrefaçon» belge que recense ce livre, divisé en une introduction, vingt chapitres abondamment illustrés de catalogues et de textes publicitaires d'époque, et trois annexes. Compte tenu de l'importance capitale du sujet, cet ouvrage interpellera tant le monde de la librairie que celui des bibliophiles, des bibliographes, des philologues, des économistes, des juristes, des scientifiques, des sociologues, des chercheurs, enfin : de tous ceux qui, de près ou de loin, érudits ou néophytes, s'intéressent au romantisme et à la Belgique de 1814 à 1855, lorsque ses éditions, souvent très soignées et vendues à des prix défiant toute concurrence, étaient répandues dans le monde entier et y propageaient les langues étrangères, au premier rang desquelles figure le français. L'auteur étudie depuis 1973 cet inépuisable et passionnant sujet, auquel il a déjà consacré dans le Bulletin de l'Académie royale de langue et de littérature françaises trois études. Son livre, le premier à traiter de façon globale de la contrefaçon belge, est la somme de ces années…