Auteur de Ce qui reste
On se souvient qu’à la rentrée 2017, Nicole Malinconi publiait De fer et de verre. Avec ce livre, elle introduisait dans son œuvre une dimension historique qu’elle n’avait qu’effleurer jusqu’alors (à part dans Un grand amour). Elle racontait, dans un souffle humaniste, la biographie de la Maison du Peuple, chef-d’œuvre de l’Art nouveau détruit par la bruxellisation; elle l’inscrivait dans l’histoire de la Belgique, du mouvement socialiste, des deux guerres mondiales, des grèves de soixante…Trois ans et demi plus tard, l’autrice[1] revient avec Ce qui reste, un autre livre habité par l’Histoire. Une autre Histoire. Non pas celle des événements remarquables, mais celle, chère à l’historienne Arlette…
Ce qui reste retrace, de descriptions en anecdotes, les expériences de vie communes à tous les enfants nés dans la foulée de la Libération. Le dernier récit de Nicole Malinconi met les mots au service de la mémoire pour traverser les époques et les générations passées, présentes et futures.
Ce qui reste retrace, de descriptions en anecdotes, les expériences de vie communes à tous les enfants nés dans la foulée de la Libération. Le dernier récit de Nicole Malinconi met les mots au service de la mémoire pour traverser les époques et les générations passées, présentes et futures.
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Varsovie, octobre 1940. Le quartier dans lequel vit Misja, sa sœur et ses parents, est transformé, sous l’occupation nazie, en ghetto. Tous les Juifs de la ville et de ses environs y sont enfermés. Les maladies, la faim et les expulsions éliminent lentement mais sûrement la population. Misja, lui, refuse la situation, il ne veut pas se laisser emmener à l’abattoir comme un agneau… Avec quelquesLire la suite « Nous n’étions pas malades quand ils ont érigé le mur. Nous sommes tombés malades parce qu’ils ont érigé le mur. » (p. 14) 1940, Varsovie. Misja est un jeune Juif enfermé dans le ghetto avec sa famille. Au contraire de son père, médecin qui aide à l’intérieur des murs, Misja a soif de liberté et de résistance. Il prend l’habitude de sortir par les égouts, afin de ramener à manger pour sa famille. Jusqu’au jour où sa petite sœur, voulant l’imiter, ne revient jamais… Mais la rage de Misja refait surface. Il participe à l’insurrection de 1943 en compagnie de Mordechai Anielewicz. Si l’issue du combat contre les Allemands est un échec, la fin complètement ouverte du roman est laissée à l’interprétation du lecteur… Il y a les coups, le feu, la crasse, la maladie. Mais plus que tout, il y a la faim, presque un symbole de vie en soi face à la mort. Aline Sax opte pour un récit en « je » de Misja, qui s’attache à décrire en des mots précis le présent. Mieux vaut ne pas laisser place aux regrets pour survivre. Quant à l’espoir, Misja le prend en main, avec des hésitations (la disparition de la sœur) mais une volonté profonde au fil des ans : tout se passe comme si le héros n’avait pas le choix de la résistance, qu’elle s’imposait à lui. Sur ce texte court et choquant, la mise en page rajoute de la force. C’est un mot unique sur une page noire, c’est la mise en regard d’une page blanche truffée de propagande et d’une page noire très réaliste, etc. Les dessins sombres, des entrelacs de traits presque rageurs, composent des visages et des corps aigus, maigres. Régulièrement, le dessinateur se contente de mains ouvertes, de poings serrés. Si l’ouvrage se lit relativement vite, il hante longtemps… et frappe par son actualité, encore et toujours.…