Le retour du capitaine Nemo

À PROPOS DES AUTEURS
Benoît Peeters

Auteur de Le retour du capitaine Nemo

Benoît Peeters a publié une soixantaine d’ouvrages, traduits en de nombreuses langues. Essayiste, biographe de Jacques Derrida, de Paul Valéry et de Hergé, il est aussi le scénariste de la célèbre série de bande dessinée Les Cités Obscures.

François Schuiten

Illustrateur de Le retour du capitaine Nemo

François Schuiten est né à Bruxelles. Il se tourne très tôt vers la bande dessinée et suit les cours de l'Institut Saint-Luc. Dès 1978, en compagnie de son frère scénariste Luc, il élabore le cycle des Terres Creuses dont trois albums sont parus aux Humanoïdes Associés. Depuis 1981, il travaille avec son ami Benoît Peeters à la série Les Cités Obscures. Il a également collaboré à la conception graphique de deux films : Gwendoline de Just Jaeekin et Taxandria de Raoul Servais et travaille à des projets d'adaptation des Cités Obscures. Francçois Schuiten a reçu le Grand prix d'Angoulême 2002 pour l'ensemble de son œuvre.

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François SCHUITEN et Benoît PEETERS, Le retour du capitaine Nemo, Casterman, 2023, 96 p., 26 €, ISBN : 9782203254398La manière dont une créature hybride, amphibie, mi-animale, mi-machinique apparaît dans cette nouvelle aventure des Cités Obscures, la façon dont elle sort des eaux et gagne la ville de Samarobrive-Amiens décrit précisément les modalités qui ont permis au Retour du capitaine Nemo de surgir, au terme d’une gestation organique, quatorze années après la parution de Souvenirs de l’éternel présent, dernier album des Cités Obscures. L’univers et l’imaginaire profondément verniens de François Schuiten et de Benoît Peeters accueillent à bord d’un vaisseau…


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Cowboy Henk et le gang des offreurs de chevaux

En 2014, la série de bandes dessinées Cowboy Henk recevait le Prix du Patrimoine au prestigieux festival d’Angoulême. Était-ce rendre trop d’honneur à Kamagurka, dont l’encyclopédie Wikipedia va jusqu’à affirmer que son trait est «  extrêmement simpliste, paraissant presque bâclé  » ? Quoi que l’on pense de son anti-œuvre, et sans s’aventurer à gloser trop avant le nonsense permanent qui la caractérise, il faut cependant admettre que le dessinateur flamand, passé par Hara-Kiri et Charlie Hebdo , est bel et bien l’héritier d’une tradition bédéistique dont il se joue et détourne les codes à l’envi. Le gang des offreurs de chevaux ne déroge pas à cette irrégularité foncière. L’intrépide Henk va y affronter une bande de généreux donateurs d’équidés, animés par les pires bonnes intentions et un désintéressement éminemment suspect, mais aussi des Peaux-Rouges stricto sensu , soit uniformément cramoisis, de pied en cap. On le verra aussi massacrer une mémère à coups de poing afin de gagner le droit de boire un verre au bistrot de la baston obligatoire, attraper une mouche (mais… la bête !) au lasso, tomber dans les bras de son vieil ami le capitaine Muray, qui reste cantonné dans son fort où il est interdit de fumer vu qu’il est tout construit d’allumettes. Le constat est limpide : au contraire des sympathiques dadas qui font l’objet d’un mystérieux troc à sens unique, l’intrigue n’a ni queue ni tête. Le lecteur, dès la première page, est parti pour le rodéo le plus désarçonnant qui soit… Alors, tout perdu dans cet univers de métamorphoses et de confusion, il tentera de convoquer ses références pour se donner l’illusion qu’il comprend un semblant de cette parodie toujours recommencée. L’ombre de Tintin en Amérique plane dès la vignette liminaire et le respect indéfectible de la ligne claire, toute mâtinée de pointillisme pop art soit-elle, est un immense clin d’œil à Hergé. Puis surgit ici une silhouette qui rappelle l’allure des Pieds Nickelés, là une onomatopée digne des classiques de l’Heroïc Fantasy, ailleurs un assemblage tout surréaliste quand, dans le cadre d’une vignette, est inséré rien moins qu’un Mondrian. Ça fait plaisir de pouvoir se raccrocher à quelque chose, quand le sens fait naufrage, fût-ce une voyelle démesurée en carton-pâte.À coups de citations, de détournements des perspectives, de dérapages vers le saugrenu, Kamagurka réussit le tour de force de mettre en scène en BD l’improbabilité. Et on rit de n’arriver nulle part, de s’être fait passer de si bon gré pour la mule de la farce dans cette histoire de pur-sang. On clame, foi de cowboy, qu’on ne s’y laissera plus prendre. Et on attend impatiemment la suite, car Kamagurka, passé maître dans la technique du cliffhanger , installe un suspense haletant dans l’ultime case, et ce n’est pas faire injure que de spoiler un tel traquenard, mais justice… : Henk recevra-t-il jamais la facture promise par le tenancier du saloon « Au cheval ivre » ? Frédéric…

Le retour du capitaine Nemo

François SCHUITEN et Benoît PEETERS , Le retour du capitaine Nemo , Casterman, 2023, 96 p., 26 € , ISBN : 9782203254398La manière dont une créature hybride, amphibie, mi-animale, mi-machinique apparaît dans cette nouvelle aventure des Cités Obscures , la façon dont elle sort des eaux et gagne la ville de Samarobrive-Amiens décrit précisément les modalités qui ont permis au Retour du capitaine Nemo de surgir, au terme d’une gestation organique, quatorze années après la parution de Souvenirs de l’éternel présent , dernier album des Cités Obscures . L’univers et l’imaginaire profondément verniens de François Schuiten et de Benoît Peeters accueillent à bord d’un vaisseau graphico-textuel des passagers déjà mis à l’honneur dans les Cités Obscures , à savoir le capitaine Nemo, sombre héros, commandant du sous-marin Nautilus, l’auteur de Vingt mille lieues sous les mers , les territoires mi-réels, mi-oniriques qui composent la géographie fictionnelle des Cités Obscures (la mer des Adieux, les falaises de Tirus, le Mont Analogue, Brüsel, Blossfeldtstad, Pâhry, Brentano…). Splendeur hypnotique, inquiétante, troublante des dessins en noir et blanc, s’étirant sur une pleine page de François Schuiten, nouveau destin apporté au personnage du capitaine Nemo sous la plume inspirée et le récit audacieux de Benoît Peeters… l’ouvrage surgit littéralement à la manière dont jaillit le Nauti-poulpe, cet être hybride qui, doté de l’intelligence des poulpes et d’un mécanisme machinique, transporte un mystérieux voyageur amnésique qu’il mène avec une détermination infaillible vers la ville où mourut Jules Verne, Amiens-Samarobrive. Dans cet album somptueux qui, déterritorialisant la bande dessinée comme le tandem n’a cessé de le faire, sacre le retour de nos deux capitaines Nemo, le héros amnésique sert de fil conducteur à une interrogation sur la porosité entre réalité et imaginaire, entre science et fantastique, sur les arcanes de la création et la reconquête de l’identité perdue. Grands inventeurs de mondes parallèles, de villes imaginaires biomorphiques, totalitaires, ruinées ou minéralo-végétales, Benoît Peeters et François Schuiten redonnent vie tout à la fois à Jules Verne, pionnier des romans fantastiques, de science-fiction, et à un capitaine Nemo halluciné qui nous donne à entendre le mouvement d’anamnèse auquel il se livre afin de savoir qui il est.Avec cet album rétro-futuriste, scandé par des dessins minutieux au style hachuré où s’élancent des tours, des trains, des villes enneigées, des cathédrales, des érables géants, le Palais des Trois Pouvoirs de Brüsel, des pitons (des éléments souvent tout en verticalité), les éditions Casterman deviennent les éditions Jules Hetzel de notre temps.Dans ce voyage dans le temps et dans l’espace, traversant des trous de ver reliant des univers hétérogènes, le capitaine Nemo vit à cheval entre les souvenirs de son passé, le naufrage du Nautilus, et un présent dévoré par l’amnésie.     Ce poulpe étrange est comme un nouveau sous-marin, un autre Nautilus… Un Nauti-poulpe, voilà ! Sa détermination m’impressionne.Les hommes, eux, semblent toujours aussi fous. Ces navires démesurés sont plus terrifiants que ceux d’autrefois… Mais le Nauti-poulpe est agile et puissant. Malheur à ceux qui sen prendraient à lui ! La perte de mémoire qui frappe le personnage se lève peu à peu, le flou identitaire cède la place aux retrouvailles avec soi. Au fil d’une introspection méditative, le capitaine Nemo rejette la pensée dualiste qui était la sienne, assise sur la séparation entre l’homme et l’animal, entre l’humain et la nature. Le réveil à soi coïncide avec une mutation dans la manière de concevoir la cohabitation entre l’humain et les autres formes du vivant : «  moi qui, comme tant d’autres, considérais ces poulpes gigantesques comme des monstres…  ». Doté d’une intelligence vive, d’une force de locomotion en phase avec sa puissance d’esprit, se servant de ses huit bras de façon indépendante, prenant soin de son passager, le nourrissant, le Nauti-poulpe mène la danse de cette odyssée dont le capitaine Nemo et les lecteurs sont les spectateurs médusés. Dans le finale, la reconnexion du personnage et de son histoire donne lieu à une métamorphose formelle et narrative, à l’apparition de dessins en couleurs divisés en vignettes. En complément à cet album hanté, d’une maestria absolue, qui tresse les obsessions et leitmotivs des Cités Obscures au royaume vernien, figurent les dessins réalisés par François Schuiten pour illustrer le roman d’anticipation posthume de Jules Verne, Paris au XXème siècle .Avec leur capitaine Nemo revisited, François Schuiten et Benoît Peeters signent…