Auteur de Boule de Juif
Foulek Ringelheim, né en 1938 à Ougrée, vit à Bruxelles. Il a été avocat puis magistrat, membre du Conseil supérieur de la justice et rédacteur en chef de la revue Juger. Son roman La Seconde Vie d’Abram Potz a reçu le prix France- Communauté française de Belgique en 2004 et le prix des lycéens en 2006.
Le narrateur a treize ans quand débute le récit, du côté de Liège, il en aura seize à la fin du livre. Et l’on subodore être face au premier tome d’une autobiographie. Mais Foulek Ringelheim (1938-2019) est mort avant la sortie de Boule de Juif, nous privant de leviers de compréhension. Vers la fin du volume, après des études primaires fort chaotiques, il souhaite devenir tourneur ajusteur quand un malentendu le propulse dans une section latine. Or il sera un jour avocat, magistrat, écrivain (des essais mais aussi deux romans fort remarqués, Le juge Goth et La seconde vie d’Abram Potz). Une lecture très attentive, toutefois, permet de discriminer une foule d’indices à travers les aventures tragiques et drolatiques du petit Foulek. Ce…
Les folles enquêtes de Magritte et Georgette. Nom d’une pipe !
Ah ! comme il doit se réjouir René Magritte là-bas au milieu de ses ouates de nuages qui naviguent allègrement dans un ciel bleu, d’être devenu, le détective chargé (par lui-même) d’élucider une série de meurtres que Nadine Monfils nous raconte dans ce premier roman policier de la série « Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette ». On annonce déjà – pour juin – une deuxième enquête qui se déroulera à Knokke, Nom d’une pipe ! se déroulant pour l’essentiel à Bruxelles. Il y a fort à parier que notre Belge de Montmartre ne s’arrêtera pas en si bon chemin et que, Georgette et René, avec leur chien Loulou reviendront dans de nouvelles aventures ! Qui d’autre que l’espiègle et drôle et décalée Nadine Monfils aurait pu avec autant d’allégresse s’emparer d’un projet littéraire aussi exaltant ? Il est vrai, elle le déclare en fin de volume, qu’elle voue une admiration sans bornes et de longue date à Magritte. Celui-ci « l’accompagne depuis longtemps ». Elle ajoute : « Magritte c’est une longue histoire d’amour…Il apparaît déjà dans mon thriller Coco givrée et dans mon film Madame Edouard … »Qui d’autre qu’une écrivaine belge en exil dans l’Hexagone pouvait mieux donner à ressentir, fût-ce à travers un roman à énigme, l’étrangeté d’un peintre dont le nom – comme celui d’autres figures de proue de la Belgitude (Hergé avec Tintin, Peyo avec les Schtroumpfs, Simenon avec Maigret, pour ne citer que des noms liés au livre) – incarne ce qui fait de l’imaginaire belge un mariage idéal et fantasque entre le singulier et l’universel ?Qui d’autre qu’une romancière dont l’œuvre est autant illuminée d’humour décalé et de tendresse dévoilée (comme on l’a vu dans ses deux derniers romans ) pouvait se lancer dans cette aventure littéraire en embarquant dans sa croisière de fiction autant de personnalités qui ont fait la spécificité belge ? Il y a Brel, l’incontournable, dont l’œuvre et le destin sont d’inépuisables sources d’inspiration (comme le montre le travail admirable mené à la Fondation Brel par sa fille France) et qui dans ce roman intervient (par chanson interposée) dans le dénouement de l’enquête. Apparaissent aussi les comparses de La fleur en papier doré, cet estaminet de la rue des Alexiens où se retrouvait autour de la bière que servait Gérard Van Bruane la bande des surréalistes. Sous le nom de « société du mystère », ils se réunissaient comme des potaches : le premier d’entre eux, le « Scut » alias Louis Scutenaire, Paul Colinet, Marcel Lecomte, Paul Nougé, André Souris…. Et puis le lecteur s’amusera à reconnaître l’une ou l’autre figure du sérail littéraire bruxellois, comme le père du commissaire de police Jefke, un romancier à l’instar de sa mère qui ne serait autre, la fiction permet tout, que Nadine Monfils elle-même !Mais Nom d’une pipe ! est un roman policier à part entière, un detective story comme ceux que Magritte aimait lire dans son adolescence. Happé dès les premières lignes par de mystérieuses lettres d’amour anonymes adressées à Madeleine, serveuse au Roy d’Espagne sur la Grand Place de Bruxelles, assassinée quelques jours plus tard, le lecteur se voit plongé dans une série de meurtres et sur les pistes qu’explore notre peintre national pour identifier le coupableOmniprésente dans le roman, Bruxelles nous dévoile dans ce « guide littéraire » la magie et le quotidien des lieux comme le Vieux Marché, la rue Blaes, le café Chez Willy, le Métropole … et tant d’autres.À la terrasse de cet hôtel mythique, situé Place de Brouckère, Monfils imagine une rencontre entre Magritte et Jacques Brel. Celle-ci n’a sans doute pas eu lieu, mais elle trouve sa place idéale dans le roman tant est plausible ce sommet entre les deux hommes qui s’admiraient. Ce chapitre est aussi une belle manière pour la romancière de dire son indéfectible admiration pour le grand Jacques. Le dialogue entre le peintre et le chanteur est reconstitué sur la base de propos que l’un et l’autre ont prononcés. Et cela donne un chapitre exemplaire de ce que permet cette « fiction du réel » dont se joue celle qui nous avait si bien raconté, dans un roman aussi , la folie du Facteur Cheval.Le réel c’est aussi l’univers de Magritte et Georgette, dont le roman dévoile (et tout y est exact à cet égard), les sources d’inspiration, les manies du peintre, les rituels de l’artiste, mais aussi ce qui, dans l’enfance, a nourri de façon inaltérable l’inconscient dont le Maître a fait les œuvres les plus poignantes.Ah ! comme elle doit se réjouir, Georgette, de constater combien la romancière a fait d’elle un portrait allègre et plein de verve, on entend même sa manière singulière de s’exprimer, l’accent belge, mais aussi la gouaille qui permet de tout dire sans prendre de gants ni de précautions oratoires. Personnage romanesque, elle est la protagoniste idéale de l’enquête, comme elle le fut dans la vie de celui qui l’appelait tendrement « Mon p’tit poulet », « Mon p’tit Bibi » ou, dans les séquences policières, « Madame Watson ».On en oublie presque, au terme de cette chronique que Nom d’une pipe ! est un roman policier dont l’énigme est dénouée par nos deux détectives amateurs, grâce aux chansons de Brel et aux prénoms qui en font certains titres… C’est d’ailleurs par un récital du grand Jacques à l’Ancienne Belgique que s’achève le roman. Dans la salle, Georgette et René ne peuvent retenir leurs larmes aux plus intenses moments du répertoire, tandis que dans le salon de leur maison, Loulou alla « se vautrer dans le canapé, devant le chevalet… » N’en disons pas davantage. À vous, lectrices et lecteurs, de découvrir, toutes affaires cessantes, mais en dégustant chaque épisode, qu’il soit vrai ou fruit de l’imagination.…
Demain les ombres , le deuxième roman de Noëlle Michel, se situe à la frontière des genres :…
Une future autoroute menace la vallée. Pour sauver un tilleul séculaire, François et son amie Diane rejoignent, d’une manière originale, le combat des riverains contre ce projet destructeur. Lire un extrait Premier titre de cette collection Combats aux éditions belges Cotcotcot, Mille arbres raconte la bataille de deux enfants pour sauver un grand tilleul « qui a connu la Révolution française ». Un projet d’autoroute le menace directement, ainsi que la vallée qu’il surplombe, et le garçon qui raconte l’histoire s’interroge : son grand-père est mort en tombant de cet arbre magnifique, n’était-ce pas par désespoir de n’avoir pu le sauver ? Avec sa grand-mère Mariette, son amie Diane, et le père de celle-ci, engagé dans la lutte pour la préservation de la nature et de l’environnement, il va se dresser contre l’ingénieur Prévert – quelle ironie dans le choix de ce patronyme ! – ce personnage représentant l’ensemble de la corporation d’individus complètement insensibles aux réalités de la crise climatique, et des nouveaux enjeux pour un développement durable. Caroline Lamarche amène petit à petit son héros à s’engager concrètement, physiquement, et à travers lui, entraîne le lecteur à s’identifier à lui : autour de chacun d’entre nous, il y a bien souvent plus d’un arbre à sauver, et tant d’autres à planter. Le temps de la tergiversation est dépassé, semble nous dire l’autrice. L’âge peut influer sur l’ampleur de l’engagement, pas sur sa qualité ni sa sincérité, à chacun de s’avancer sur ce chemin. C’est le message de ce sympathique petit roman. Un dossier sur les ZAD, Zones À Défendre, et les nouveaux acteurs de la défense de l’environnement complète le propos et précise le contexte de la création…