Shakespeare tragique et merveilleux : Un conte d'hiver

Toute la singularité du drame tient dans son escorte d’effets pervers, malicieux, comiques ou sournois…

L’auteur ne se laisse pas contraindre même s’il focalise un sentiment fort : la jalousie qui détruit insensiblement Léontès, roi de Sicile. Ses soupçons infondés à l’égard de son ami d’enfance Polixènes le conduiront à la folie.

Arme décisive dans les combats qu’elle-même contre le reste du monde, la jalousie figure bel et bien dans l’arsenal des perversions destructrices. La mort et son cortège d’ignominies trahissent de facto les propos les plus anodins et les gestes les plus innocents.
La suspicion seule renvoie le spectateur aux années noires où nul n’était à l’abri de la déraison…

Mais l’adaptation du Conte d’Hiver, superbement mis en scène par Georges Lini et Nathalie Huysman a proposé un auteur bien plus complexe et sensiblement différent du tragique que l’histoire littéraire a fixé.

Car ce Conte…

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À PROPOS DE L'AUTEUR
Michel JOIRET

Auteur de Shakespeare tragique et merveilleux : Un conte d'hiver

Né à Bruxelles, le 31 janvier 1942. Professeur de français dans l'enseignement secondaire. Depuis 1980, détaché pédagogique, chargé de mission du C.P.O.N.S. (Conseil de Pouvoirs Organisateurs de l'Enseignement Officiel Neutre Subventionné) pour la Réforme de l'Enseignement Professionnel, actuellement conseiller pédagogique à la Province de Hainaut.Organisateur de débats, foires du livre; conférencier. Animateur de la revue Le Non-Dit.Michel Joiret est aussi critique littéraire, et a collaboré à de nombreuses revues, dont Jalons, Le Thyrse, Marginales, Le Taureau. Il anime la revue Le Non-dit. Animateur littéraire et pédagogue, il donne encore des conférences en France, en Belgique et aux Pays-Bas.Au sein de sa génération, Michel Joiret occupe, c'est incontestable, une place à part, particulièrement dans le domaine poétique.Né en 1942, ce poète qui écrit et publie au reste très tôt manifeste, dès ses débuts certes, mais en son âge mûr surtout, un curieux esprit de réaction, voire d'opposition plus ou moins consciente aux dilections de presque tous ses compagnons de route. On se souvient que, de Jacques Izoard à Christian Hubin en passant par Gaspard Hons ou Werner Lambersy, tous les poètes belges du temps avaient pour ambition de tordre le cou à l'éloquence, d'économiser au maximum les moyens, de fuir l'incandescence et le drapé lyrique. Seules exceptions : Jacques Crickillon et Michel Joiret. Encore ce qui les rapproche ) la défiance sinon la fuite devant ce que j'appellerais, après tant d'autres, le minimalisme poétique d'une part, et l'utilisation volontaire de tous les registres du langage d'autre part ) est-il moins significatif que ce qui les sépare.Pour Crickillon, l'écriture, comme la vie, est un grand théâtre désert et crépusculaire. Un enchanteur désenchanté y arpente, avec un évident néo romantisme et le malaise existentiel du malaimé, des ruines où le marbre se mêle à l'ordure. La démarche de Joiret est plus directe et, Marcel Moreau ne s'y est pas trompé, plus directement humaine. Car l'oeuvre entière de Michel Joiret nous raconte l'éternelle et poignante histoire d'un homme jeté par hasard dans la vie, sauvé de l'absurde par le recours au corps de l'être aimé, puis, l'âge venant, condamné, Sisyphe de l'érotisme, à combler par la chair et la frénésie vitale, le trou béant d'une mort qui, malgré la peur et les refus, lui va comme un gant.Tentons donc de voir comment et pourquoi ce jeune et sage poète presque académique s'est soudain, au cours des années septante, métamorphosé en un ironiste décapant, blessé vif aux tessons de la vie.


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